Plus précisément, Washington veut "protéger" l'Armée syrienne libre (ASL) créée, formée et armée par les Américains pour combattre le régime de Bachar al-Assad — il a été rapporté que tous les ans, plus de 5.000 combattants suivaient une formation dans des centres d'entraînement spéciaux.
Avec ces mêmes bonnes intentions, Washington avait soutenu d'autres groupes d'opposition avant qu'ils ne se transforment en État islamique…
L'ASL a été foudroyée il y a un an déjà, quand son dernier bastion situé dans la province d'Idlib, au nord de la Syrie, est tombé sous la pression du Front al-Nosra. Aucun coup de feu n'avait été tiré: les "rebelles modérés" avaient simplement fui en abandonnant les armes et les munitions sur le champ de la "non-bataille". Le Front al-Nosra a ainsi récupéré tout un arsenal fourni à l'ASL par les Américains, y compris des armements lourds — des roquettes antichars TOW, des lance-roquettes multiples, etc.
A un moment donné il a même semblé que Bachar al-Assad n'était plus un ennemi juré des USA, voire s'était transformé en allié parce que son armée était également opposée au Front al-Nosra et à l'État islamique. Comme l'ASL est en réalité une armée-fantôme, il s'avère que les USA, qui ont provoqué toutes ces complications, n'ont pas d'autres alliés que l'armée de Bachar al-Assad. Et si aujourd'hui les Américains ripostaient avec leur aviation à une fusillade (une banale provocation ferait l'affaire) entre l'armée de Damas et des groupes quelconques s'assimilant à l'ASL, ils se placeraient de facto du côté des terroristes.
Les choses deviennent plus claires. Premièrement, les Etats-Unis n'ont pas d'alliés réels dans la zone du conflit à l'exception de "groupes" indéterminés, ce qui signifie que le projet américain en Syrie a échoué. Deuxièmement, la principale mission de Washington en Syrie n'est pas la lutte contre le terrorisme, mais contre Bachar al-Assad. Et les Américains ne cherchent qu'un prétexte pour faire à nouveau usage de la force. Troisièmement, les bombardements semblent devenir un outil universel de la politique américaine. Surtout quand il n'existe pas d'autres arguments mais qu'on veut à tout prix diriger le monde ou ses régions.