En dépit des mises en garde de la Commission européenne, Zagreb est sorti de l'arbitrage international sur la délimitation de ses frontières maritimes avec la Slovénie. La situation risque de saper la procédure de règlement de plusieurs litiges frontaliers dans les Balkans et de compliquer l'intégration d'autres États de la région à l'UE et l'Otan. Pour l'instant, les questions frontalières en suspens portent préjudice à la Croatie: le groupe américano-autrichien Marathon Oil/OMV a déjà renoncé à la recherche de pétrole et de gaz sur son littoral.
Les autorités croates ont immédiatement accusé la Slovénie d'avoir enfreint les principes d'indépendance et d'impartialité du tribunal international. Le gouvernement slovène a affirmé qu'il ignorait tout des agissements du juge et de la diplomate; ces deux derniers ont immédiatement donné leur démission, et le Français Ronny Abraham, président de la Cour internationale de justice des Nations unies, a été nommé à l'arbitrage de Ljubljana. Mais cela n'a pas suffi pour arrêter les Croates, qui ont annoncé leur sortie de la procédure d'arbitrage.
Les Slovènes cherchent aujourd'hui à découvrir comment les conversations entre deux hauts fonctionnaires ont pu sortir sur la place publique. Deux versions sont avancées: soit il s'agit d'une opération des services de renseignement de la Croatie qui avait tout intérêt à faire échouer la procédure d'arbitrage avec une décision défavorable; soit les Croates ont bénéficié de l'aide des services secrets d'un autre pays plus puissant. Les sources informées de Zagreb assurent que "les renseignements croates n'ont pas enregistré les conversations téléphoniques des Slovènes".
La décision croate pourrait avoir des répercussions sur les Balkans en général. Zagreb a définitivement réglé ses litiges territoriaux avec la Hongrie, mais les négociations se poursuivent avec ses autres voisins.