Son coup de gueule sur Facebook a eu lieu mercredi: "Je n'ai rien contre la privatisation momentanée d'une plage pour un chef d'Etat. Mais en même temps, pourquoi être si tatillons avec les gens qui entreprennent et avec les touristes +normaux+?"
Alors que la réplique est plutôt bien reprise et partagée par les internautes (à cette heure plus de 4.400 partages) avec des commentaires majoritairement positifs, Jean-Pierre Pernaut s'aperçoit qu'il ne peut plus accéder à son compte Facebook. Peu après, l'accès lui est rouvert, il éloigne alors toute hypothèse de censure. Mais son ton, ironique, laisse supposer quelques soupçons. 48 heures plus tard, l'énigme n'est toujours pas résolue.
Les journalistes, n'ayant pas eu la possibilité d'avoir un commentaire plus détaillé de l'intéressé, ni du service de presse de Facebook, se lancent dans une autre action. Ils commencent à "scroller" les pages twitter et Facebook dans l'espoir d'y trouver quelque chose qui justifierait ce blocage.
Sur Facebook, Jean-Pierre Pernaut relaye un site d’extrême-droite http://t.co/KUoYnyPVNy par @Mathieu2jean pic.twitter.com/wLtyZ9w5nB
— les inrocks (@lesinrocks) 30 июля 2015
Les Inrocks se saisissent alors d'une publication qu'ils jugent "choquante": un post partagé par Pernaut intitulé "la France rurale est plus pauvre que les banlieues mais on n'y brûle pas de voitures…".
Même si pour certains de leurs lecteurs, associer la banlieue et les voitures brûlées est déjà un tabou, cela ne suffit pas à en faire une vraie accusation. Ils accusent donc le journaliste non pas du contenu de l'article, mais d'avoir partagé le post d'un site douteux considéré comme complotiste par Rue89. Ensuite, ils citent Rudy Reichstadt de Conspiracy Watch, qui dit que ce site "relaie tout le storytelling russe".
Je me permets de dire que ce genre d'argumentaire n'est ni réfléchi, ni convaincant. Il s'agit d'une manipulation classique argumentum ad hominem qui consiste à discréditer des arguments adverses sans aborder le fond, mais en s'attaquant à la crédibilité de la source qui les présente.
Ensuite c'est au tour du Figaro de s'en prendre à la star de l'info:
Ces surprenantes publications de @pernautjp sur @facebook… http://t.co/V468NkPBc0 via @Le_Scan_Tele pic.twitter.com/uqXHWqJzpp
— Le Figaro (@Le_Figaro) 30 июля 2015
Le début de leur article est déjà prometteur avec beaucoup de suspens: "Connaissons-nous vraiment celui qui présente chaque jour les informations de TF1? Pas sûr".
Puis ils parlent du post FB sur Vallauris comme si c'était un délit flagrant: "en plus de s'énerver contre l'État qui autorise, depuis le 20 juillet, la privatisation d'une plage publique à Vallauris (Provence-Alpes-Côte d'Azur) pour le roi Salmane d'Arabie saoudite, Jean-Pierre Pernaut publie, comme chaque utilisateur lambda du réseau social, divers contenus sur son compte Facebook".
Ensuite, l'argumentaire du grand quotidien suit peu ou prou des Inrocks. Visiblement, ce dernier article a choqué Pernaut qui, ému, a écrit sur Twitter: "si même le Figaro s'y met…"
Première réaction de Jean-Pierre #Pernaut après ses étonnants posts Facebook http://t.co/ldUhvQ1Ovw pic.twitter.com/SWALPM2EHF
— David Perrotin (@davidperrotin) 30 июля 2015
Heureusement pour lui, à la différence des journalistes les internautes sont plutôt bienveillants:
Dommage que je ne regarde plus jamais la TV, il me plait bien ce JP Pernaut:) http://t.co/KqfnrGiWLI @pernautjp pic.twitter.com/rrS67Rz1nw
— PoussiG ن (@PoussiG) 29 июля 2015
"Ciel, un de nos journalistes de télé ne serait pas, comme il se devrait, relayeur de la bonne pensée socialiste!!??" http://t.co/m69UMvy5hy
— Manon (@M_Angluhet) 30 июля 2015
Et même la plateforme de débats d'idées du Figaro présente une vision alternative en évoquant la fracture des deux France dont Pernaut représente quand même une moitié.
Sachant que Jean-Pierre Pernaut n'est manifestement pas un complotiste, ni négationniste de la Shoah, la discussion autour de ses publications semble tirée par les cheveux. Mais elle pourrait ne pas être sans conséquences. C'est justement quand on exclut du débat les citoyens plus ou moins modérés, en stigmatisant apriori ce qu'ils disent, qu'on nourrit le vrai complotisme.