Depuis la chute de l'Union soviétique, on assiste en Pologne à une montée en puissance de la russophobie. D'après certains journalistes polonais, la haine du "grand méchant russe" finit même parfois par "substituer toute pensée politique".
Mais cette fois-ci, les médias polonais se permettent une attaque sans précédent. Ils accusent les dix parlementaires français d'être les serviteurs "de la propagande du Kremlin", et vont même jusqu'à les qualifier d'"idiots utiles".
D'après le quotidien polonais Gazeta Wyborcza, "Moscou instrumentalise la visite de dix parlementaires français en Crimée. Les grands médias et les hommes politiques russes jubilent en prévoyant un basculement des relations avec l'Occident".
Il est connu qu'historiquement, la Pologne voit dans la Russie un rival et un "barbare". Parfois, de l'aveu des experts, "la russophobie en Pologne confine avec la folie". Mais cela permet-il à ce pays d'attaquer les hommes politiques français de la sorte? La Pologne semble oublier sa place dans l'Union européenne, dont elle est l'un des principaux pays bénéficiaires, tandis que la France, le pays du général de Gaulle, est le deuxième plus grand contributeur après l'Allemagne au sein de cette organisation.
Mais au lieu de mieux chercher à comprendre la situation actuelle, les journalistes polonais, murés dans le passé, recourent à la rhétorique de l'époque soviétique, pourtant régulièrement critiquée par Varsovie, et à l'expression "idiots utiles", attribuée à Lénine. Ce terme n'a toutefois rien à voir avec la délégation d'hommes politiques français conduite par Thierry Mariani. M. Mariani copréside l'association "Dialogue franco-russe" depuis 2012, conjointement à Vladimir Iakounine, le PDG des chemins de fer russes. Il connaît assez la Russie pour être capable de qualifier de façon appropriée la situation en Crimée.
Le sénateur Yves Pozzo di Borgo a souhaité que "l'ensemble des parlements européens puissent envoyer des missions en Crimée pour voir dans les faits que la situation n'est pas celle que les médias européens reproduisent".
La Pologne, maladivement accrochée à ses complexes postsoviétiques, toujours prête à servir de relais aux intérêts étrangers à condition qu'ils portent atteinte à la Russie, est peut-être la mieux placée pour méditer sur le concept d'"idiot utile".