Cigarettiers et buralistes montent au créneau en menaçant d'actions en justice et en menant une campagne de sensibilisation, à grand renfort d'affiches proclamant « oui à la prévention, non à la punition ».
Michèle Delaunay, cancérologue, députée socialiste de la Gironde, soutient le paquet neutre qui fait partie du plan de lutte anti-tabac du gouvernement: « Marisol Touraine a ressemblé les ministres de la Santé particulièrement engagés sur le sujet du tabac. Ils ont affirmé, assumé l'objectif de sortie du tabac. Jusqu'à présent tout le monde disait: il faut réduire la consommation, mais on n'osait pas proclamer cet objectif. Or, il est indispensable de dire aux gens: nous ne pouvons pas continuer comme ça, le tabac est un carnage sanitaire, mais aussi financier parce que les dégâts qu'il provoque sont inassumables. »
De ce fait, la fédéralisation des 10 pays dans la lutte contre le tabagisme est une approche « nouvelle », selon Michèle Delaunay. Toujours d'après l'expert, le tabac est un « carnage sanitaire et financier » qui cause « 44.000 de cancer »: « les premiers à mourir de la population sont ceux dont les voies respiratoires sont déjà altérées par le tabac ».
La réponse aux gens engagé sur la lutte contre le tabagisme n'a pas tardé à fuser de l'autre côté des barricades, représentée par les buralistes. Jean-Pierre Teindas, président de la chambre syndicale des buralistes du Rhône, condamne l'initiative d'introduire du paquet neutre: « Elle n'aura aucune incidence sur la consommation des gens. On a vu, il y a deux ans et demi, la présentation du paquet avec les photos choc et cela n'a eu aucune incidence. On pense que ça sera plutôt incitatif dans le sens où tout ce qui est interdit n'est autorisé pour les jeunes. On nous fustige en nous disant que nous sommes des pourvoyeurs de mort, en oubliant que nous sommes des préposés de l'Etat. Si l'Etat veut aller jusqu'au bout de sa logique, il n'a qu'à racheter nos affaires et à supprimer le tabac carrément. »
Le camp des anti-tabagistes, comme Michèle Delaunay, temporise et propose alors aux buralistes de modifier la fiscalité du tabac en leur faveur, « c'est-à-dire qu'au lieu de leur donner 10% du prix du paquet, on va leur donner 11% ». Or, cigarettiers et buralistes envisagent toujours des actions sur le plan juridique en arguant que l'Etat viole leurs droits de propriété intellectuelle et de détention d'une marque. Ils espèrent obtenir des indemnités d'expropriation d'un montant de 20 milliards d'euros.
Quoi qu'il en soit, ce n'est pas encore la fin, puisqu'il y aura encore un combat à mener au Parlement…