Bosnie-Herzégovine, le cœur du djihad en Europe ?

© Sputnik . Ioulia PetrovskaïaLa Bosnie-Herzégovine
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Osve, village reculé de Bosnie-Herzégovine, servirait aujourd'hui de camp d'entraînement de l'Etat islamique, raconte le Sunday Mirror. D'après l'hebdomadaire britannique, une douzaine de djihadistes s'y seraient entraînés au cours des derniers mois avant de partir en Syrie ou en Irak.

Les services secrets bosniaques soupçonnent l'organisation terroriste d'acheter plusieurs fiefs dans cette commune encerclée par la forêt en raison des avantages de sa position géographique. Car la Bosnie-Herzégovine donne l'accès à tous les pays méditerranéens, y compris la Syrie et les pays de l'Afrique du Nord, et se situe sur le chemin du retour pour les djihadistes occidentaux ayant combattu dans les rangs de l'Etat islamique.

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Devenu un terrain d'entraînement des djihadistes depuis 2012, Osve présente un danger pour la sécurité de la région. Selon les témoignages d'habitants d'Osve, recueillis par le Sunday Mirror, des coups de feu sont régulièrement entendus et des drapeaux islamiques flottent sur les lieux. Serait-ce une menace réelle ou une exagération des médias britanniques? Radio Sputnik a recueilli deux points de vue différents sur le sujet.

« Ça relève davantage de la provocation plutôt que d'un camp d'entraînement au cœur de l'Europe, temporise Loïc Trégourès, doctorant à l'Université Lille 2, spécialiste des Balkans et de la Bosnie-Herzégovine et collaborateur à l'IRIS. La menace de l'Etat islamique au cœur de l'Europe fait de jolis titres, mais si vous demandez à M. Bernard Cazeneuve ou à n'importe quel ministre européen de l'Intérieur, il ne va pas vous répondre d'instant que le menace islamiste se retrouve en Bosnie, elle se trouve dans chacun de nos pays. Nous avons tous des gens qui sont partis en Syrie et qui en reviennent. Ce sont des menaces potentielles. Aller chercher au fin fond de la Bosnie un camp d'entraînement de Daesh — la logique m'échappe. Je ne dis pas qu'il n'existe pas de salafistes qui viennent majoritairement de la diaspora, c'est-à-dire qui ont été radicalisés en Autriche, en Allemagne, ce qui démontre que la Bosnie n'est pas une terre à partir de laquelle il existerait un réseau de radicalisation. »

Pour Nikola Mirkovic, auteur et chercheur indépendant, spécialiste des Balkans, la Bosnie-Herzégovine est une sorte de bastion de Daesh en Europe: « Aujourd'hui, il y a des camps d'entraînement, des camps djihadistes, des villages même qui pratiquent la même loi qu'en Arabie Saoudite, sauf que nous parlons de l'Europe. Ce n'est qu'une partie émergée de l'iceberg. On estime à plusieurs centaines, un peu moins de 400 Bosniaques, qui sont actuellement en Syrie ou en Irak et qui se battent aux côtés de l'Etat islamique. Ce chiffre est énorme par rapport à la population. »

La Bosnie-Herzégovine est terreau potentiellement fertile pour l'organisation terroriste. C'est un pays à 45% musulman, les Serbes orthodoxes et les catholiques ne représentent que 36% et 15 % de la population respectivement. Dans les années 90, pendant la guerre de Bosnie, le pays, en proie à un conflit ethnico-religieux fut l'une des premières terres du djihad. Certains membres du groupe de Roubaix, proche du réseau islamiste de Fateh Kamel qui projetait des attentats en France, avaient fait le djihad en Bosnie-Herzégovine pendant cette période. Nikola Mirkovic donne un exemple flagrant: « Le premier président de cette nouvelle création de Bosnie-Herzégovine, parce que le pays n'existait pas avant, Alija Izetbegović, qui était le soutien de l'OTAN, des Américains, des Européens pendant la guerre de Yougoslavie, a écrit une déclaration islamique publiée d'abord à Istanbul puis à Sarajevo, dans les années 1990. Il a dit qu'il n'y a pas de paix ni de coexistence entre la religion islamique et les institutions sociale et politique non islamiques. C'est la personne qui a été choisie par l'Occident pour lutter contre les Yougoslaves, contre les Serbes! A partir du moment où le président tient ce genre de déclaration, vous pouvez imaginer que le reste de la population musulmane est enclin à développer un islam radical. »

Comme il l'a montré ces derniers jours, l'Etat islamique mène désormais des attaques tous azimuts: attentat en Turquie, destruction d'un navire militaire égyptien en Méditerranée, découverte d'un bastion dans un village d'Osve qui serait la première branche « officielle » de Daesh en Europe. Ce qui rend la stratégie des djihadistes encore plus difficile à lire et, in fine, à contrer. 

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