Le chef du mouvement ultranationaliste, Dmitri Iaroch, a proposé de faire démissionner le président ukrainien Piotr Porochenko et d'organiser un vote de confiance. Il demande au gouvernement de rejeter les accords de Minsk et de légaliser les bataillons de volontaires.
Pierre Lorrain, journaliste et écrivain français, spécialiste de la Russie et de l'espace postsoviétique, dresse un parallèle entre le Pravy sektor en Ukraine et Daesh au Proche-Orient. Selon lui, cette organisation constitue un nouveau point chaud aux portes de la Russie et présente un danger pour toute l'Europe.
Le Pravy Sektor et le soutien du public à travers le pays
Actuellement, Dmitri Iaroch n'a pas de soutien populaire ni électoral, constate l'expert. En revanche, il a des troupes, des bataillons de volontaires qui se réunissent sous des emblèmes « qui sont, qu'on le veuille ou non, des emblèmes nazis ». « Dès lors qu'il perd sa puissance militaire, le Pravy sektor n'est plus rien du point de vue électoral, du point de vue politique, affirme Pierre Lorrain. Aujourd'hui, il a une grande importance parce qu'il comprend une partie des troupes de la garde nationale ukrainienne. Il essaie de jouer sur cela. »
Les manifestations étaient prévisibles parce que la situation économique en Ukraine est bien pire qu'en Grèce au niveau de la dette et du chômage. Les gens commencent à réfléchir sur ceux qui sont responsables du coup d'Etat, à savoir, les Etats-Unis et l'Union européenne. Quant au Pravy sektor, il a largement contribué à l'installation du régime pro-occidental. Maintenant, Piotr Porochenko se retrouve à lutter contre les gens qui l'ont amené au pouvoir. Tout cela va apporter encore plus de chaos.
Le Pravy sektor VS l'Etat islamique
« Je crois qu'aussi bien Daesh que le Pravy sektor sont des organisations terroristes parce qu'ils ne peuvent exister que par la peur qu'ils induisent auprès de la population, selon Pierre Lorrain. Il y a, néanmoins, une différence. Si en Ukraine, toute la société civile n'est pas favorable à l'organisation et peut se lever contre, « il est impossible que les populations de Syrie ou d'Irak se lèvent d'une manière cohérente contre Daesh. »
Le Pravy sektor — un danger pour l'Europe
Après les attentats de Moukatchevo, les pays frontaliers avec l'Ukraine ont peur de ce qui en train de se passer en Transcarpatie avec les agissements du Pravy sektor. Les contrôles de sécurité des citoyens ukrainiens ont été renforcés à la frontière de la Hongrie, puis, de la Slovaquie. « Le Pravy sektor constitue un véritable danger pour l'Ukraine, mais également pour le reste de l'Europe dans la mesure où on ne sait pas ce que peut devenir une organisation de cet ordre, une organisation à la fois militaire et terroriste qui peut conclure des alliances dans d'autres pays », précise Pierre Lorrain.
Le Pravy sektor VS la Russie et l'Ukraine
Face à ce mouvement ultranationaliste, Piotr Porochenko n'a pas les mains libres. D'une part, il n'a pas besoin de combattants incontrôlables. De l'autre côté, les bataillons de volontaires constituaient une base idéologique et « physique » du pouvoir kiévien. Depuis l'euro-Maïdan, ils intimidaient et terrorisaient les habitants des grandes villes, mobilisaient les populations. Sans le Pravy sektor, Porochenko n'aurait pas de forces militaires. Qui plus est, dans le casus belli, dans le cas d'un affrontement entre le gouvernement officiel de Kiev avec toute formation nazie, que ce soit Pravy sektor, Azov, Aïdar ou autre, tous les autres bataillons se lèvent contre le président.
Le Pravy sektor et la paix entre Kiev et le Donbass
« S'il n'y avait pas eu ces groupes paramilitaires et militaires au sein de la Garde nationale ukrainienne qui sont d'extrême-droite et qui sont très virulents, des solutions auraient été déjà trouvées au conflit du Sud-Est et un dialogue réel se serait créé entre Kiev et le Donbass, conclut Pierre Lorrain. C'est impossible aujourd'hui parce que le président Porochenko, aussi bien que le premier ministre Iatseniouk, ont peur de la réaction de la Garde nationale qui est entraînée et contrôlée par Pravy sektor. »