Eleveurs en colère : Stéphane Le Foll promet de se rendre à Caen

© AFP 2023 CharlyFarmers block a road after a meeting with French Agriculture Minister Stephane Le Foll, in Ifs, near Caen
Farmers block a road after a meeting with French Agriculture Minister Stephane Le Foll, in Ifs, near Caen - Sputnik Afrique
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Ils n'ont jamais été si nombreux. Le ministre français de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, ayant refusé de se rendre sur place lundi pour rencontrer les manifestants, plus de 200 tracteurs attelés à des bennes, remplis de fumiers et de gravats, se sont réunis aux portes de Caen.

Des centaines de producteurs de lait et d'éleveurs manifestent contre l'effondrement des prix de vente de leurs productions. A bout de ressources, les agriculteurs comptent ainsi maintenir la pression sur la filière et obtenir la revalorisation promise des cours du porc et du bœuf. Leur objectif est de mettre en œuvre l'accord du 17 juin qui prévoit une augmentation de 5 centimes d'euro par kilo et par semaine de carcasse de viande bovine jusqu'à la fin août. Cependant, l'appel du Président français François Hollande à la grande distribution d'améliorer la rémunération n'aura pas suffi et, après trois semaines de conflit, les esprits sont à vif.

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Sébastien Amand, président de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricole (FDSEA) de la Manche, dénonce, dans son interview à la radio Sputnik, la faiblesse des prix de production qui pousse les agriculteurs à mener des actions coup de poing dans toute la France. « Malheureusement, l'accord du 17 juin n'est pas respecté, explique-t-il. D'abord, quelques opérateurs ont décidé arbitrairement qu'il ne concerne qu'une catégorie d'animaux. Ensuite, quand les opérateurs ont respecté la hausse des prix, la grande distribution s'est tournée vers les marchés moins valorisants pour les éleveurs, c'est-à-dire l'importation de viande moins chère. A un moment donné, on peut avoir un accord de revalorisation sur le prix. Si on n'incite pas la grande distribution à distribuer français, cela nous pose des difficultés. »

Tout porte à croire que l'Etat est dominé par la grande distribution et qu'il n'a pas les moyens d'imposer une politique des prix, comme l'a annoncé Jean-Yves Heurtin, président de la FDSEA du Calvados. Cette opinion est partagée par Sébastien Amand: « Aujourd'hui, dans notre République, dans notre démocratie, la politique n'a plus beaucoup de pouvoir face au pouvoir d'argent et de la finance, ce qui est préoccupant. Il va falloir que les politiques de droit et de gauche puissent impulser les dynamiques au-delà des priorités financières, des priorités de marché et de finance ».

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Comme les mesures ne sont pas à la hauteur de l'urgence de la situation et comme personne « ne tient sa parole », il ne faut s'étonner de la mobilisation des éleveurs et des drames qui pourraient arriver. « A partir de ce week-end, l'Etat français alerte de prendre la mesure de l'événement et de l'état d'urgence dans lequel se trouve son agriculture. Mais pour l'instant, je n'ai rien vu venir, constate Sébastien Amand. Il va falloir que les autorités publiques et l'ensemble de notre société se mobilisent rapidement. Ce que nous demandons, ce n'est pas une augmentation à la consommation et des prix à la consommation, c'est une meilleure répartition des marges, parce que le consommateur est également pris dans le tourbillon de la crise. »

Les actions des agriculteurs ont débuté dimanche après-midi avec des déversements de gravats et de déchets devant plusieurs cibles emblématiques de la filière, comme des abattoirs et des grandes surfaces, ainsi qu'avec des opérations escargot sur les routes. Après avoir décliné la demande des manifestants d'aller à Caen, Stéphane Le Foll a changé d'avis et promis de se rendre sur place mardi après-midi. La venue du ministre de l'Agriculture était une des conditions imposées par les éleveurs pour la levée des blocages. Un peu plus tôt, François Hollande a annoncé la présentation d'un plan d'urgence, mercredi, en conseil des ministres.

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