Des centaines de producteurs de lait et d'éleveurs manifestent contre l'effondrement des prix de vente de leurs productions. A bout de ressources, les agriculteurs comptent ainsi maintenir la pression sur la filière et obtenir la revalorisation promise des cours du porc et du bœuf. Leur objectif est de mettre en œuvre l'accord du 17 juin qui prévoit une augmentation de 5 centimes d'euro par kilo et par semaine de carcasse de viande bovine jusqu'à la fin août. Cependant, l'appel du Président français François Hollande à la grande distribution d'améliorer la rémunération n'aura pas suffi et, après trois semaines de conflit, les esprits sont à vif.
Tout porte à croire que l'Etat est dominé par la grande distribution et qu'il n'a pas les moyens d'imposer une politique des prix, comme l'a annoncé Jean-Yves Heurtin, président de la FDSEA du Calvados. Cette opinion est partagée par Sébastien Amand: « Aujourd'hui, dans notre République, dans notre démocratie, la politique n'a plus beaucoup de pouvoir face au pouvoir d'argent et de la finance, ce qui est préoccupant. Il va falloir que les politiques de droit et de gauche puissent impulser les dynamiques au-delà des priorités financières, des priorités de marché et de finance ».
Les actions des agriculteurs ont débuté dimanche après-midi avec des déversements de gravats et de déchets devant plusieurs cibles emblématiques de la filière, comme des abattoirs et des grandes surfaces, ainsi qu'avec des opérations escargot sur les routes. Après avoir décliné la demande des manifestants d'aller à Caen, Stéphane Le Foll a changé d'avis et promis de se rendre sur place mardi après-midi. La venue du ministre de l'Agriculture était une des conditions imposées par les éleveurs pour la levée des blocages. Un peu plus tôt, François Hollande a annoncé la présentation d'un plan d'urgence, mercredi, en conseil des ministres.