Les Etats-Unis testent une bombe nucléaire au milieu des négociations avec l’Iran

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Au milieu des négociations sur le nucléaire iranien, les Etats-Unis ont testé un nouveau prototype de bombe nucléaire B61-12. Le prototype a été largué depuis un chasseur-bombardier F-15E Strike Eagle sur le terrain militaire de Tonopah, dans le désert Nevada, le 1ier juillet

La nouvelle version de B61 est équipée d'un empennage qui permet de diriger son vol. Il n'est pas non plus nécessaire d'utiliser un parachute. La B61-12LEP possède une charge de 50 kilotonnes. Deux essais supplémentaires sont encore prévus cette année aux Etats-Unis avant la commercialisation de la bombe, prévue d'ici 2020.
Il s'agit de la 12ième version de B61 produite depuis 1962, date butoir en matière d'armes nucléaire pour les Etats-Unis et l'Union soviétique. C'est à cette période de la guerre froide que la course aux armements fut poussée à tel point qu'il eut fallu y mettre un terme au moins conventionnel. La crise des missiles de Cuba, en 1962, a ouvert la porte à la signature du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), en 1968.

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De ce fait, l'essai de la bombe, même sans ogive, semble en contradiction avec la doctrine nucléaire des Etats-Unis, pays-signataire du TNP. Il est d'autant plus contraire à la rhétorique du président Barack Obama qui, en 2009, promettait de ne pas déployer ce type d'armes de destruction massive, « héritage d'une époque révolue », et affirmait vouloir en réduire la dépendance.

« On peut y voir une certaine volonté politique, a annoncé à la radio Sputnik Jean-Marie Collin, consultant sur les problématiques de défense, directeur France de l'organisation Parlementaires pour la non-prolifération nucléaire et le désarmement. En tout cas, cette volonté de conserver l'arme nucléaire qui est, aujourd'hui, entreposée sur des territoires européens et qui est destinée à être utilisée par l'OTAN pose un problème géostratégique. Les avions qui portent ces armes ne sont pas destinés, s'ils sont basés en Europe, à se rendre dans la zone asiatique, mais du côté de la Russie ou de l'Iran.

Il ne s'agit pas tellement de nouvelles possibilités ou avantage géostratégique par rapport aux forces nucléaires russes. C'est la pérennisation de l'arsenal nucléaire qui pose problème. Aujourd'hui, les B61 ont plus une vocation politique que purement militaire. On peut s'interroger sur l'usage technique de ce type d'armement au XXIième siècle alors qu'il avait un sens au milieu des années 1980, pendant la guerre froide. Pour autant, cela reste des armes nucléaires avec tous les risques qui vont avec: acte de malveillance, acte terroriste, utilisation volontaire par l'Etat. »

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Il est vrai que toutes les puissances nucléaires: les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France, la Grande-Bretagne, Israël, le Pakistan, l'Inde, la Corée du Nord — modernisent leurs arsenaux nucléaires ou créent de nouvelles capacités militaires. Qui plus est, la course aux armements de destruction massive continue. Dernier « événement » en date: les Etats-Unis et la Chine, à savoir deux pays-signataires du TNP, ont brandi les armes. Washington déploie des missiles tactiques en Asie-Pacifique et Pékin, en riposte, projette d'installer des missiles nucléaires à Cuba.

Notons finalement que l'essai de bombe américaine intervient en plein milieu des négociations délicates sur le nucléaire iranien qui se déroulent à Vienne entre Téhéran et les dirigeants des pays du groupe 5+1 pour essayer de conclure un accord. D'ailleurs, les Six redoutent toujours que l'Iran puisse produire des armes nucléaires.

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