UE: cette petite commune belge qui dit "non" au TTIP

© REUTERS / Michael DalderPeople dressed in costumes take part in a demonstration against the Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP), a proposed free trade agreement between the European Union and the United States, in Munich April 18, 2015
People dressed in costumes take part in a demonstration against the Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP), a proposed free trade agreement between the European Union and the United States, in Munich April 18, 2015 - Sputnik Afrique
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Après un report du vote, le Parlement européen a apporté son soutien conditionnel au projet de TTIP (Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement), un traité entre l'UE et les USA.Le mécontentement de la population européenne étant ignoré par les autorités de l'UE, Saint-Gilles, une commune de Bruxelles-Capitale, dit non au TTIP.

Reporté à la dernière minute en juin, faute de consensus, le traité de libre-échange entre l'Union européenne et les Etats-Unis, un traité négocié depuis deux ans entre l'UE et les USA, a été néanmoins soutenu par le Parlement européen, délégué par la Commission européenne au nom des Etats membres. Le Parlement se déclare favorable à un accord "approfondi, global, ambitieux, équilibré et de qualité en matière de commerce et d'investissement" dans une résolution adoptée par 436 voix contre 241 et 31 abstentions, annonce Reuters. Les groupes politiques déclarent être arrivés à un compromis.

Négocié dans le plus grand secret, le texte suscite une hostile croissante parmi les Européens, préoccupés par ses conséquences concrètes sur leur vie quotidienne. Et il y a de quoi. 

Demonstrators hold a sign against the TTIP contract during a protest against the upcoming G-7 in Munich, southern Germany, Thursday, June 4, 2015. - Sputnik Afrique
"Stop TTIP": deux millions d'Européens signent la pétition
Dans un commentaire accordé à Sputnik, Nicolas Roux, référent en matière de traités commerciaux chez l'ONG Les Amis de la Terre, explique: le texte du TTIP "confirme les pires craintes pour les peuples européens". "Poulet lavé au chlore et maïs transgénique au menu, baisse du niveau de vie, services de santé au rabais, perte du pouvoir citoyen, libéralisation du secteur de l'éducation. Voilà à quoi ressemblerait la vie d'une Europe passée sous la mainmise du TTIP", constate M. Roux. 

Les standards américains sont considérablement moins élevés que ceux en vigueur sur le Vieux continent: 82 pesticides considérés dangereux en Europe sont autorisés aux Etats-Unis, le non-étiquetage prospère et les bœufs élevés aux hormones, rien ne change. Le site du mouvement contre le traité transatlantique Stop TAFTA indique toutefois qu’une prise de conscience est à l’œuvre au sein de la population européenne: "Pour la +journée mondiale StopTTIP/ TAFTA et CETA/AECG+ du 18 avril, la mobilisation (contre les Traités Transatlantiques, ndlr) a été à la hauteur. Les 1 932 000 signatures sont dépassées en ligne", soit "pour 13 pays le quorum est dépassé: – Allemagne, Grande Bretagne, Autriche, Finlande, France, Slovénie, Luxembourg, Pays-Bas, Espagne, l’Irlande, la Belgique, la Suède et la Tchécoslovaquie". Au total, 100 000 signatures en un mois. Les personnes désireuses ont encore jusqu'au 6 octobre pour faire signer la pétition en ligne.

Les voix citoyennes sont donc ignorées en dépit de près de deux millions et demi de signatures recueillies par la pétition européenne. Leur nombre ne cesse de croître. Des initiatives apparaissent même au niveau local, de façon parfois inattendue. Une communauté de 50 000 habitants pour une superficie de 2,5 km², soit 0.0098% de la population de l'UE, a trouvé une solution plutôt insolite — Saint-Gilles se déclare "hors zone TTIP".

"A l’issue du Conseil Communal du 25 juin, les conseillers ont adopté, sur proposition des groupes politiques Liste du Bourgmestre, ECOLO et CdH, la motion visant à déclarer Saint-Gilles +hors zone TTIP+", lit-on dans un Communiqué de presse. "La motion, votée à la majorité, marque également l’opposition de la commune de Saint-Gilles au Traité de libre-échange avec le Canada, le CETA".

Selon Alain Maron, membre du conseil du parti Ecolo, cette motion n’a aucune valeur juridique. Toutefois, la démarche est symbolique et constitue un geste politique très fort.

Rodolphe d'Udekem d'Acoz, membre du parti du Mouvement Réformateur, explique que le Conseil municipal est parfait conscient qu'une petite communauté ne pourra pas échapper à une loi s’étendant sur toute l'Europe et les États-Unis. Mais 50 municipalités belges ont adopté une motion similaire, car l’impact négatif du traité sera aussi perceptible sur le niveau local. Il est donc urgent d’agir de façon plus large et organisée: "Si une telle sorte de motion avait été votée uniquement dans une seule communauté, ce serait étrange", a-t-il ajouté.


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