Après avoir publié les documents révélant que les trois derniers présidents français avaient été mis sur écoute par la NSA, Wikileaks, en collaboration avec Libération et Mediapart, a publié lundi une nouvelle série de donnés, indiquant que deux anciens ministres de l'économie François Baroin et Pierre Moscovici, un sous-directeur du Trésor, un diplomate de haut rang, un parlementaire socialiste, ainsi que des centaines d'entreprises françaises, ont fait partie entre 2004 et 2012 des cibles américaines.
Selon Libération, "la plupart des secteurs stratégiques étaient visés par la NSA: technologies de l'information, électricité, gaz, pétrole, nucléaire, transports, biotechnologies". L'agence devait intercepter les négociations et les contrats des sociétés françaises quand ces derniers dépassaient les 200 millions de dollars.
L'agence de renseignement américaine avait ciblé des diplomates et des responsables politiques (dont François Baroin et Pierre Moscovici à l'époque où ils étaient ministres de l'Économie) afin de "recueillir toutes informations sur les pratiques commerciales françaises, les relations entre Paris et les institutions financières internationales, l'approche des questions liées au G8 et au G20 ou encore les grands contrats étrangers impliquant la France", rapporte Libération.
Ces nouvelles révélations contredisent la ligne de défense de la NSA depuis le début des révélations, en juin 2013.
"Ce n'est pas un secret que les services collectent des informations sur des questions économiques et financières. Ce que nous ne faisons pas, comme nous l'avons dit à de multiples reprises, est d'utiliser nos capacités de surveillance de l'étranger pour voler des secrets commerciaux de compagnies étrangères au nom — ou pour leur donner des informations que nous collectons — d'entreprises américaines afin d'accroître leur compétitivité", avait déclaré le directeur du renseignement américain, James Clapper, après qu'Edward Snowden eut révélé des documents sur l'espionnage américain de l'entreprise brésilienne Petrobras.
Les récents documents publiés par WikiLeaks montrent qu'au contraire, les Etats-Unis n'hésitent pas à mobiliser leurs agences de renseignement afin de collecter des informations stratégiques susceptibles de leur conférer un avantage économique.
"Sous couvert d'antiterrorisme, la NSA devient alors le bras armé des Etats-Unis dans la guerre économique. Une guerre dans laquelle la France apparaît totalement démunie", conclut Libération.