Car les armes hypersoniques seront demain la clé de la suprématie militaire. Il est évident que nous allons assister dans les années à venir à une prolifération des systèmes de défense antiaérienne et antimissiles multicouches, en mesure de détruire tout aéronef, tout missile de croisière subsonique ou supersonique, dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres. Face à de tels dispositifs, déjà en gestation en Israël et en Russie avec des matériels comme le Pantsir, le S-400 et demain le S-500, il ne sera plus possible aux aviations de combat de conduire une campagne aérienne de coercition, telle que celles qui ont été conduites au Kosovo ou en Libye, sans subir des pertes insupportables militairement et politiquement. Seules les armes hypersoniques, conjuguant longue portée, précision et hypermanoeuvrabilité, permettront à l'épée de reprendre l'avantage sur le bouclier en frappant en stand-off, à distance de sécurité.
Car les Américains, qui espèrent disposer de ce type de vecteurs à l'horizon 2025, se veulent pionniers. Ils développent depuis les débuts de l'administration Bush Jr. une doctrine stratégique nouvelle, la PGS (Prompt Global Strike), qui prône la création de nouvelles capacités permettant à Washington de frapper partout dans le monde à l'aide d'armes conventionnelles en moins d'une heure. Dans ce cadre ils comptent appuyer leur suprématie sur l'hypersonique à très hautes performances: alors que l'on considère que les vitesses hypersoniques commencent au-delà des mach 5, ils se situent déjà bien au-delà. Leur planeur X-37 est déjà en mesure de mener des missions spatiales de plusieurs mois, à 28 000 kilomètres heure en orbite terrestre. Ce qui revient à dire que si l'engin emportait une arme de taille modeste (moins de deux mètres de long) dans sa soute ventrale, il serait en mesure de frapper en ne laissant qu'un délai de réaction extrêmement bref à tout adversaire.
La Chine, nous l'avons vu, est capable de faire évoluer à mach 10 un engin comme le Wu-14 en milieu spatial.
Face à ces deux pays, Français et Russes font pâle figure.
La Russie, pour sa part, a mobilisé plus de 60 entreprises, avec KTRV et NPO Mashinostroenie pour leaders et vise les mach 14. Elle espère doter ses forces armées d'engins hypersoniques vers 2030-2040, en s'appuyant si nécessaire sur des partenariats internationaux. L'Inde et la Russie, qui poursuivent déjà conjointement le programme de missile antinavire ultra-véloce Brahmos (mach 2,8) espèrent développer à partir de celui-ci un vecteur capable d'évoluer à mach 7 à l'horizon 2017.
Pour les Français et Russes, il s'agit d'un saut qualitatif considérable. Mais il faut aller au-delà de ces objectifs.
Car la militarisation de l'espace est un fait. Seuls ceux qui disposeront d'armes capables de frapper très rapidement depuis l'orbite terrestre seront en mesure de dissuader les adversaires disposant d'outils similaires d'une éventuelle agression. Armes antimissiles, vecteurs spatiaux…le rêve de Ronald Reagan et de sa « guerre des Etoiles » se poursuit avec toutes les conséquences terribles que cela peut engendrer, mais aussi les effets bénéfiques.
Ces exigences conduiront nécessairement au développement de systèmes et de procès qui, dans les années à venir, irrigueront de nombreux segments économiques. Français et Russes doivent avoir cette donnée en tête au moment de consentir les investissements nécessaires en termes de recherche et développement.
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