Il a déjà passé 43 ans dans une cellule individuelle. La libération de Woodfox clôt l'histoire des Trois d'Angola — un groupe de Black Panthers que les autorités américaines trouvaient si dangereux qu'elles avaient préféré les tenir à l'écart des autres prisonniers pendant des décennies.
Les Black Panthers avaient vu le jour en 1966 sur la vague des protestations de la population noire contre la discrimination, un phénomène social très important aux USA à l'époque. Ses fondateurs, les étudiants Huey Newton et Bobby Seale, étaient d'abord partisans des idées de Martin Luther King mais avaient été rapidement déçus par sa doctrine de protestation pacifique.
Les Black Panthers se fixaient initialement pour but de combiner les méthodes violentes et non violentes pour protéger les Afro-américains des abus de la police. Parmi les soutiens des "panthères" figuraient John Lennon et Janis Joplin.
L'organisation a existé plus ou moins comme une entité unie pendant quelques années avant d'éclater au début des années 1970 à cause des querelles internes et des opérations policières. La plupart de ses membres se sont retrouvés en prison pour possession illégale d'armes, vol, attaque contre des policiers et même pour préparation d'attentats. Après avoir purgé leur peine, Huey Newton et Bobby Seale ont appelé leurs anciens membres à renoncer aux méthodes violentes. Albert Woodfox était le "dernier des Mohicans" — l'un des rares membres des Black Panthers à ne s'être jamais repenti.
Condamné en 1967 pour vol et enfermé dans la prison Angola — la plus stricte de l'Alabama — il est resté fidèle à ses convictions en créant avec deux autres "panthères" une cellule de son organisation, qui a participé à une mutinerie en 1971. Le gardien pénitentiaire Brent Miller a été tué pendant l'émeute. Après cela, le tribunal de l'Alabama a pris une décision sans précédent: placer les trois "panthères" en cellules d'isolement à vie.
Deux d'entre eux ont tout de même été remis en liberté. Le premier, Herman Walles, a été libéré en 2013 à cause de son état de santé — une tumeur inopérable. Le second, Robert King, est sorti en 2001 après l'abandon des poursuites contre lui pour avoir assassiné son compagnon de cellule. Les deux se sont repentis. Contrairement à Woodfox qui n'a pas reconnu sa culpabilité pour le meurtre de Miller. Le juge James Brady a toutefois décidé qu'il devait être relâché mais le bureau du procureur a décidé de contester le verdict du juge. Si l'instance supérieure reconnaissait que la "panthère", qui a passé 43 ans en prison, méritait d'être libérée, Woodfox sortirait de prison vendredi prochain.