« Qui aurait cru possible, vingt-cinq ans après la fin de la guerre froide, que l'ordre de paix européen pouvait être remis en question par l'annexion de la Crimée?… Qu'une organisation islamiste terroriste cherche à instaurer au Proche-Orient un « califat » sur le territoire de deux Etats? »
L'Ethiopie était invitée au récent G7. Pour parler de terrorisme, comme si ce pauvre pays avait eu quelque chose à voir avec la destruction des deux (ou trois?) tours, avec la guerre en Irak, avec l'anéantissement de la Libye, avec la « guerre civile » en Syrie, avec les bombardements israéliens sur Palmyre qui permettent aux fous d'Allah la prise de cette ville.
L'Ethiopie était invitée, mais pas la Russie. La Russie était punie, la Russie était mise au coin à cause de son « agression » contre Yatsenyuk et de son manque de respect des droits de l'homme. On croit rêver.
On croit rêver parce que c'est aux USA (arrêtons de dire l'Amérique!) qu'il y a 2.2 millions de prisonniers, c'est aux USA qu'il y a le Patriot Act et l'Etat le plus policier du monde, Guantanamo, des exécutions ratées, 1200 victimes de la police urbaine et un million de jeunes noirs tués par violence et par la drogue organisées en cinquante ans. On croit rêver parce que ce sont les néocons américains (dont Merkel n'est qu'un pion, on le sait depuis son article germanophobe publié par le Washington Post en 2003) qui ont déclenché les guerres atroces contre la Libye, contre l'Irak et la Syrie, guerres inutiles et destructrices qui montrent une volonté de nuire irrationnelle et donc inquiétante.
Lorsque Poutine se réclame du pragmatisme, on se moque de lui; comme on se moque de lui lorsqu'il évoque le christianisme qu'il est devenu le seul chef d'Etat européen à défendre. Les autres défendent le transhumanisme, le mariage gay et les FEMEN. Brezinski l'a dit l'an dernier en aparté et sur un ton menaçant: la Russie n'a pas nos valeurs en matière morale et sexuelle.
Les occidentaux préfèrent la Russie de la barbarie rouge à la Russie de Poutine. La barbarie les fait rêver, c'est pourquoi ils aident les rebelles islamistes en Libye ou en Syrie. Faut-il se plaindre alors de n'être pas au G7?
Remarquez que la Chine est à la même enseigne ou presque: populaire au temps de Mao et de ses grands bonds en avant et autres révolutions culturelles (voyez BHL, Glucksmann, Kouchner en France), impopulaire en 2015 quand elle devient le fer de lance de la croissance mondiale et un pays de liberté contrôlée (à l'opposé des USA où la liberté de tuer, notamment des autorités, n'est jamais contrôlée…). La bourgeoisie occidentale, disait un leader communiste, a toujours aimé le sang et les « révolutions ».
Merkel se dit encore choquée par l'«annexion» de la Crimée. Mais y eut-il un mort en Crimée? Il y a eu six mille victimes civiles dans le Donbass, sans compter les soldats envoyés au massacre de leurs frères de race par des irresponsables! Que se serait-il passé en cas de non-annexion, alors que 90% des électeurs euphoriques ont voté leur rattachement à la Russie? Une autre série de massacre gouvernemental de civils rebaptisée par les médias orwelliens « agression de la Russie «?
Et pour cette histoire de Crimée… et châtiment, Merkel n'est pas venue au défilé du 9 Mai. Sait-elle seulement, cette fille de pasteur passé jadis à l'Est, que les troupes allemandes ont détruit la vie de vingt-six millions de personnes en Russie, en Ukraine, et en Union soviétique? Et elle déclare la guerre morale à la Russie, Merkel? Qui a dit que plus gros est le mensonge…? Un propagandiste allemand, je crois.
Mais je me rends compte que je ne parle pas du centre du monde, que je ne parle pas du G7 dans son hôtel de luxe avec sa bière sans alcool!
Oui, je n'ai pas parlé du G7, et j'estime que la Russie et que Vladimir Poutine devraient se sentir honorés de ne pas avoir été invités à ce dîner de brigands. Vladimir Poutine a assez affaire avec la Chine, avec l'Inde, avec le Brésil et l'Amérique du Sud, et ce qui reste d'Asie libre ou d'Afrique libre. Vladimir Poutine a assez affaire avec le reste du monde, avec 90% de la population du monde pour laisser l'occident souffreteux déclencher son clash bouffonnant des civilisations contre le reste du monde avec ses alliés « démocrates » du Qatar et de l'Arabie saoudite.
Le mal, dit Novalis, c'est la médiocrité.
Nicolas Bonnal pour Sputnik
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