Mais en réalité, faut-il croire que Kiev s'attend vraiment à briser l'axe de résistance Donetsk-Lougansk et à contrer une fort éventuelle escalade incluant à court terme Odessa et Kharkov? Des enjeux de prime abord évidents en dissimulent d'autres.
Enfin, comme ces derniers ont échoué à entraîner la Russie dans le brasier otano-ukraino-donbassien mais qu'il n'est pas dans leur nature tenace de renoncer, on les voit qui bouleversent cet ordre relatif et fragile qui existe aussi à sa façon dans le désordre en nommant Saakachvili agitateur numéro 1 dans la ville hautement stratégique d'Odessa et en poussant la Moladavie (lire la Roumanie), entre autres par l'intermédiaire de ce mercenaire politique, à récupérer la Transnistrie ce qui revient à la livrer en pâture à Bucarest contre la volonté d'un peuple moldave à seulement 31%. Une provocation en dissimule donc une autre entraînant une réaction en chaîne tant du côté ukrainien que russe la Russie ne pouvant laisser éclater un nouveau scénario ossète dans une région majoritairement russophone. La conjonction de ces deux facteurs — reprise sanglante dans le Donbass et discours ambigus ukraino-moldaves vis-à-vis de Tiraspol — n'est pas sans envenimer une situation qui devrait soit se résoudre d'une façon ou d'une autre durant l'été, soit dégénérer jusqu'à déborder de ses frontières actuelles. La deuxième option suppose une forte augmentation de l'aide financière et militaire atlantiste.
Radio Sputnik. « Pensez-vous que le renforcement des hostilités que l'on observe cette dernière semaine dans le Donbass, notamment dans la DNR, pourrait dégénérer en un conflit autrement plus vaste qu'on ne le croyait? Si oui, en quelles circonstances?
Alain Benajam. On ne peut pas apprécier la situation aux frontières de la Russie, dans le Donbass, et maintenant avec l'affaire de la Transnistrie qui va émerger, sans s'intéresser aux raisons pour lesquelles les Anglo-Saxons cherchent à isoler la Russie depuis toujours. Ce sont eux qui ont inventé le terme « containment »! Cette activité anti-russe anglo-saxonne a pour origine leur volonté de vouloir accéder à ce qu'eux-mêmes appellent le Heartland, c'est-à-dire cette île du monde qui leur échappe constamment. Il n'y a qu'à l'époque eltsinienne qu'ils ont cru un moment pouvoir y mettre la main. Cette politique de containment et d'isolation de la Russie est perpétuellement menée depuis la guerre de Crimée, la guerre de Mandchourie avec les Japonais, etc. Elle a notamment pour objectif la coupure de la Russie de l'Europe occidentale, en premier lieu de l'Allemagne et c'est par le biais de multiples provocations que les Anglo-Saxons cherchent à l'entraîner dans un conflit de type afghan dans lequel elle s'embourberait. De quels types de provocations s'agit-il?
S'y ajoute l'affaire de la Transnistrie qui ne saurait laisser le Kremlin indifférent en cas d'attaque. Tout renfort militaire russe éventuel devra transiter par le territoire ukrainien ou moldave ce qui arrangera les théoriciens du chaos. Ce n'est pas pour rien qu'ils ont installé leur marionnette, Saakachvili, à la tête de l'oblast' d'Odessa.
Alain Benajam. D'abord, il faut bien voir que les Européens entre guillemets ne sont que des marionnettes sans enracinement. Ils ne sont ni français, ni allemands. Ce sont des agents de USA qui ne réagissent qu'en fonction des ordres qui leur sont donnés. Qu'on se le dise, il n'y a pas de politique européenne. En réalité, les Anglo-Saxons n'ont rien à faire de l'Ukraine, strictement rien! Bien au contraire! Si l'Ukraine était complétement abattue, ils en tireraient profit puisque l'enjeu final est que la Russie ne puisse pas continuer son partenariat historique avec Kiev. N'oublions pas que sous l'URSS l'Ukraine était le berceau de son activité militaire et aérospatiale. Il s'agit donc de démonter ce pays — ça leur a déjà réussi — de couper les ponts entre l'Europe occidentale et la Russie — ça leur a également réussi — et d'entraîner la Russie dans une vaste guerre ce qui, en revanche, ne leur réussit pas ».
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