Dans ce cadre le violent accrochage qui vient de survenir dans le Donbass entre forces ukrainiennes et séparatistes tombe à point nommé. Alors que la responsabilité de cette énième rupture du cessez-le-feu reste à définir, il va de soi que cette reprise des combats sera instrumentalisée pour justifier une poursuite des sanctions.
Linas Linkevicius, ministre des affaires étrangères de Lituanie, a quant à lui prôné un « isolement » politique accru de la Russie de la part des Etats membres de l'Union Européenne et appelé à un renforcement des sanctions visant Moscou. Le Conseil de Sécurité des Nations Unies s'est par ailleurs réuni vendredi à la demande de la Lituanie, appelant au respect du cessez-le-feu dans le Donbass.
Enfin le Premier ministre canadien Stephen Harper, en tournée diplomatique en Europe à l'occasion du sommet du G7 qui s'est ouvert hier en Allemagne, a tenu un discours extrêmement rude vis-à-vis de Vladimir Poutine, alors que certains responsables politiques Européens aimeraient précisément réintégrer la Russie au sein du cercle des principales puissances économiques occidentales. «Je ne pense pas que la Russie sous Vladimir Poutine ait sa place dans le G7. Point. Le Canada s'opposerait très, très fortement à ce que Poutine se rassoie à cette table à nouveau, a-t-il affirmé. Il faudrait un consensus pour ramener la Russie et ce consensus n'existera tout simplement jamais», a déclaré M. Harper.
Politiques en premier lieu parce que le Président russe, dont la cote de popularité dans l'opinion publique russe atteignait récemment les 86%, est encore aux affaires a minima jusqu'en 2018 voire, vraisemblablement, jusqu'en 2024, faute d'opposant crédible ou de successeur faisant l'unanimité. La position du Premier ministre canadien revient donc à totalement mépriser la sensibilité de la majorité des citoyens russes et à les ostraciser eux aussi.
Diplomatiques ensuite parce qu'on ne peut écarter des débats internationaux la Russie, membre du Conseil de Sécurité des Nations Unies et puissance nucléaire, pendant les trois ou neuf prochaines années. Mais aussi parce que le camp de l'intransigeance vis-à-vis du Kremlin se fissure.
Nous y avons fait allusion supra, la lassitude gagne dans l'Union Européenne vis-à-vis d'une politique de sanctions économiques qui n'amène pas la Russie à transiger et pénalise tout le monde. Le ministre allemand des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, s'il a réaffirmé la pertinence des sanctions envers la Russie et les a justifié, a regretté jeudi dernier le format G8, intégrant la Russie. « Nous avons absolument besoin de la Russie pour régler les conflits gelés dans notre voisinage européen, comme c'est le cas en Syrie, en Iraq, en Libye et pour le programme nucléaire iranien », a-t-il estimé.
En conséquence l'hypothèse d'une provocation ukrainienne visant à relancer les combats dans le Donbass afin d'entraver tout processus d'apaisement entre Russes, Américains et les principaux Etats de l'UE ne peut être exclue. « Les Ukrainiens feront tout, tout pour que les hostilités reprennent afin de mettre çà sur le dos des Russes. Et cela peut durer comme cela longtemps encore », résumait récemment un ancien ambassadeur de France en Russie, sans illusions sur le jeu politique ukrainien. Le dogme officiel, manichéen, des gentils ukrainiens d'un côté et des méchants russes de l'autre, s'effrite peu à peu.
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