Comme l'a parfaitement relevé l'expert en droit international Alexandre Mercouris, l'accord d'association entre l'Ukraine et l'UE ne prévoyait pas d'être un simple accord de libre-échange. En réalité c'était un dispositif pour faire de l'Ukraine une partie de l'Espace économique européen et du Marché unique soumis à la réglementation de la bureaucratie européenne de Bruxelles et à la juridiction de la Cour européenne de justice au Luxembourg. En clair, un traité visant à séparer pour de bon Ukraine et Russie.
L'été 2015 s'annonce, il est temps de faire un point sur la route européenne que le Maïdan était censé faire emprunter à l'Ukraine tout autant que sur le regard que la famille bruxelloise porte désormais sur les évènements qui se sont déroulés depuis novembre 2013 en Ukraine.
Tout d'abord et sur le plan militaire, l'opération "antiterroriste" a été un échec puisque les forces loyalistes ukrainiennes auraient perdu, selon certaines estimations, jusqu'à 15.000 soldats, des dizaines de milliers étant blessés. Certains scenarios maximalistes envisagés par le pouvoir de Kiev imaginent maintenant un blocus de la zone concernée, mais en réalité, les élites ukrainiennes envisagent objectivement que la partie ne soit déjà perdue.
La situation militaire a occupé le devant de la scène jusqu'aux accords de Minsk, mais depuis que les combats ont cessé, les autorités de Kiev ont du mal à dissimuler l'échec politique et économique de ce gouvernement issu du Maïdan. La situation est encore plus grave qu'à la fin de la première révolution orange il y a 10 ans. Alors que l'inflation a atteint 60% et que la valeur de la monnaie a été divisée par trois en 12 mois, la baisse du PIB en 2015 devrait atteindre les 9%. Le pays est sous perfusion du FMI qui lui a en mars dernier attribué une aide de 17 milliards de dollars s'inscrivant dans un hypothétique plan de 40 milliards de dollars au total, portant la dette publique ukrainienne de 40% du PIB en 2014 à plus de 90% du PIB fin 2015.
C'est peut-être pour ces raisons que, de façon surprenante, une réunion a eu lieu au Kremlin le 20 mai dernier au cours de laquelle le ministre du Développement économique Alexis Ulyukaev semblait indiquer que les Européens acceptaient de prendre en compte les amendements au texte de l'Accord d'association, comme les Russes l'ont toujours demandé, réduisant de facto à néant l'application autoritaire de l'accord d'association à l'Union Européenne.
Le Maïdan en 18 mois n'aura finalement que contribué à l'appauvrissement de l'Ukraine et a des pertes définitives de territoire, tout en amenant un conflit meurtrier et une catastrophe humanitaire, comme cela a été le cas pour la Géorgie suite à la folle opération militaire initiée en 2008 par le président issu de la révolution de couleur que le pays a connu en 2003.
Si on peut espérer que les autorités de Bruxelles deviennent à nouveau réalistes, il faut être conscient que d'autres influences politiques et financières se répandent actuellement en Ukraine. Ce n'est pas un fait anodin: ce même ex-président géorgien va-t-en guerre vient d'être nommé gouverneur de la région d'Odessa. Cette nomination intervient juste après sa naturalisation ukrainienne et ce alors que le gouvernement ukrainien se remplit peu à peu de responsables politiques et autres managers étrangers naturalisés à la hâte, et tous extrêmement liés au système politico-financier globaliste américain et qui prennent le contrôle de positions clefs au sein du pays.
Ce réseau qui se déploie est à mettre en parallèle avec l'apparition en Ukraine d'un conseil consultatif des réformes récemment, créé par le président Porochenko, qui comprend outre Mikhaïl Saakachvili, (ex président géorgien), l'ex-premier ministre et ex-ministre des Affaires étrangères suédois Carl Bildt, le chef de la Commission des affaires étrangères du Parlement européen Elmar Brok, l'ancien premier ministre slovaque Mikulas Dzurinda, l'ex-premier ministre lituanien Andrius Kubilius ou encore le chef du Comité des forces armées du Sénat américain John McCain.
Il est à craindre que dans un futur proche le pouvoir ukrainien qui n'est visiblement plus souverain, ne se fasse entraîner dans une nouvelle aventure guerrière dans l'Est du pays, opération militaire qui portera lourdement préjudice à Paris, Berlin, Kiev et Moscou, pour le plus grand plaisir du département d'Etat et du complexe militaro-industriel américain.
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