Pour de nombreuses veuves, se remarier est l'unique moyen de reconstruire leur vie. Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, le nombre de mariages a considérablement augmenté.
"Le premier obus a atterri ici, quand je préparais à manger. J'ai couru en bas de l'escalier mais j'ai oublié mon fils qui dormait à ce moment-là. J'ai essayé de revenir pour le sauver mais dans la fumée et la poussière on ne voyait rien. Quand la fumée s'est dissipée, j'ai vu que mon mari était mort", raconte cette femme à la chaîne RT.
Désespérée, elle a décidé d'épouser le frère de son mari. Selon ses proches, c'était la seule possibilité de se marier rapidement et en sécurité.
"Nous avons le choix: permettre à nos enfants de grandir sous la protection d'un homme ou les laisser faire leur éducation dans les rues et les refuges. Les femmes sont contraintes à se remarier pour que leurs enfants puissent recevoir une éducation et des soins, pour qu'ils ne restent pas sans toit. Nous devons continuer de vivre malgré le malheur et la douleur", explique une habitante de Gaza.
Les habitants de Gaza sont conservateurs et les hommes nourrissent habituellement la famille, pendant que les femmes prennent soin du foyer et des enfants. Cependant, la guerre a déjà fait près de 1 400 morts parmi les hommes. Des centaines de veuves, qui se retrouvent dans la même situation qu'Islam, doivent s'occuper seules des enfants et survivre dans les ruines. Restées sans argent ni domicile et n'ayant aucune chance de trouver du travail, elles recourent au mariage comme l'unique moyen de survivre.
Depuis le début de la guerre, le nombre de mariages a considérablement augmenté dans la bande de Gaza. Des célébrations bruyantes ont lieu chaque nuit dans les rues dévastées par les bombardements — comme des éclats de joie en cette période sinistre. Un mariage coûte en moyenne 2 000 dollars, et c'est là que les ONG entrent en jeu pour aider les femmes comme Islam: elles organisent et paient les mariages aux pauvres et malades.
"Nous avons récemment organisé deux mariages sous le slogan "Peu importe le sang qui coule, nous continuerons de nous marier". Un mariage a pour but d'apporter du bonheur dans la vie de ceux qui ont perdu leur maison ou ont été blessés. Nous voulons qu'ils oublient leurs malheurs", explique Ali Abou Lihaya, directeur de l'organisation caritative Farah.
Le fiancé d'Islam, Ali, qui pleure encore la perte de son frère, espère que ce mariage guérira les blessures de la guerre. "J'avais du mal au début, j'étais confus, je ne voulais pas me marier. Mais aujourd'hui je m'y fais. Des sourires sont revenus dans la maison. Quand on se mariera, nous fonderons une nouvelle famille et la vie continuera", dit-il.
Pour beaucoup, le mariage est donc un moyen de reconstruire sa vie, même sur les ruines laissées par la guerre.
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