Prolifération nucléaire: négociations en terrain miné

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Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est la base du système mondial de sécurité stratégique: après l'échec de la conférence qui lui était consacrée vendredi dernier à New-York, les représentants russes craignent qu'il soit fragilisé.

Tous les cinq ans, les puissances nucléaires mondiales se réunissent pour réaffirmer que le traité, signé presque par tous les pays-membres de l'Onu (à l'exception d'Israël, de l'Inde et du Pakistan), est respecté par tous et que la sûreté nucléaire n'est pas menacée. On n'attendait pas grand-chose de la conférence actuelle: trop de différends s'étaient accumulés entre les puissances nucléaires et, avant tout, entre la Russie et les USA. Mais le fait qu'elle se soit soldée par un échec total, sans qu'aucun document n'ait été adopté, a surpris beaucoup de monde. Un consensus était espéré jusqu'au dernier moment.

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Les USA, le Royaume-Uni et le Canada ont finalement bloqué le texte final, préparé par le président de la conférence — le représentant permanent de l'Algérie auprès de l'Onu, Taous Ferroukhi. Tous les autres pays étaient prêts à signer. La pierre d'achoppement fut la question de la libération du Moyen Orient des armes de destruction massive. Le projet de déclaration finale prévoyait de mener une conférence sur ce sujet avant mars 2016 mais Israël, qui a participé aux événements à New York en tant qu'observateur car n'étant pas un membre du TNP, s'est catégoriquement opposé à cette disposition. La plupart des experts russes et occidentaux croient qu'Israël possède des armes nucléaires, mais ces suppositions ne sont ni confirmées ni réfutées par Tel Aviv.

La convocation d'une conférence pour la destruction des armes de destruction massive au Moyen-Orient était pourtant l'une des conditions de la nature indéterminée du TNP, conclu en 1995. En 2010, il avait été décidé d'organiser une conférence pour la création d'une telle zone au Moyen-Orient avant la fin de l'année, mais l'événement n'a pas eu lieu. Au cours de la conférence actuelle à New York, la Russie, avec le soutien des pays arabes, a proposé d'établir un nouveau délai: mars 2016. Cependant cette initiative a échoué.

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"Les Israéliens n'étaient pas d'accord avec le document et ont demandé à leurs alliés de bloquer le projet, ce qui a été fait", explique le chef de la délégation russe, directeur du Département pour la non-prolifération et le contrôle des armements du Ministère russe des Affaires étrangères Mikhaïl Oulianov. Le diplomate russe a qualifié la décision des USA, de la Grande Bretagne et du Canada de bloquer le document final de "très étrange et regrettable". Selon lui, l'occasion de convoquer une conférence sur une zone exempte d'armes de destruction massive au Moyen-Orient a été manquée, "semble-t-il jusqu'à 2020".

En même temps, la sous-secrétaire d'État pour le contrôle des armements Rose Gottemoeller a déclaré que le texte final était "incompatible avec la position à long terme" de Washington. Elle a rejeté la faute principale de l'échec de la conférence sur l'Égypte qui, selon elle, "n'aurait pas voulu renoncer à des conditions irréalistes formulées dans le texte".

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Selon le membre de la délégation russe Vladimir Orlov, conseiller au Centre de recherches politiques de la Russie, cette critique de l'Égypte pour manque de flexibilité est inappropriée. "Depuis 20 ans, elle attend la mise en œuvre de la résolution de 1995", rappelle l'expert. Selon lui, cette situation où Israël, non membre du TNP, influence les décisions de la conférence par le biais des États-Unis "sape le traité". "Les chances que les membres du TNP du Moyen-Orient coopèrent diminuent. Par contre, la probabilité augmente qu'ils aient l'idée de sortir du traité car il ne prend pas en compte leurs intérêts", prévient Vladimir Orlov. Le vice-ministre égyptien des Affaires étrangères Hisham Badr a déjà désigné le dernier jour de la conférence à New York comme "le jour le plus triste pour le TNP".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a remercié samedi les États-Unis pour leur opposition aux "initiatives dirigées contre Israël" à la conférence à New York. Selon lui, le projet final ne prenait pas en compte "les intérêts de la sécurité d'Israël et les menaces auxquels il est confronté en raison de la situation de plus en plus instable au Moyen-Orient". Le président américain Barack Obama, dont le parti aura besoin de l'appui de la communauté juive aux prochaines élections présidentielles, a déclaré que sa politique visant à assurer la sécurité d'Israël était "inébranlable".

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