"Cela serait désastreux si l’Europe soutenait Kiev tout en ayant connaissance de ces faits. Les médias occidentaux ont longtemps porté leur attention sur les violences commises par les séparatistes prorusses, le contenu du rapport devrait servir d’électrochoc", a indiqué Joanne Mariner, conseillère sur les crises à Amnesty International, dans une interview accordée au journal Libération.
Selon la responsable, "le contrôle des autorités ukrainiennes sur leurs troupes n’est pas aussi fort qu’on peut le penser. Pour combattre les rebelles de l’Est, l’Ukraine a fait appel à ses propres hommes, des militaires, ainsi que des agents paramilitaires, tels que des gardes-frontières ou des services de sécurité".
Dans son rapport publié mercredi dernier, l’ONG cite un témoignage "particulièrement dur" d’un ancien prisonnier détenu par le groupe ultranationaliste ukrainien Pravy Sektor. "Utilisant un camp de jeunesse abandonné comme prison, Pravy Sektor a, selon ce témoignage, détenu des dizaines de prisonniers civils comme otages, les torturant de manière brutale et leur extorquant d’importantes sommes d’argent ainsi qu’à leurs familles", écrit Amnesty, qui a alerté les autorités ukrainiennes sur ces allégations, sans obtenir de réponse.
"Les preuves accablantes de crimes de guerre, dont le recours à la torture et à des exécutions sommaires de prisonniers, sont un rappel poignant des pratiques brutales commises quasi-quotidiennement dans le cadre du conflit dans l'est de l'Ukraine", résume Amnesty dans son rapport, appelant dès lors à mener des enquêtes et à traduire en justice les responsables.