En théorie c'est réel mais il faut construire des terminaux pour accueillir ce gaz ce qui prend du temps et est onéreux. Il faut faire correspondre les prix à ceux du pétrole et, par conséquent, le gaz sera relativement bon marché. Il est possible que cela ne soit pas rentable du point de vue des fournisseurs. Renoncer à cent pour cent au gaz russe en faveur du gaz américain est une idée politique. Les Américains exercent sans doute la pression sur leurs partenaires. Cependant, au plan économique personne n'a inventé rien de meilleur que le livraisons de Gazprom par les gazoducs. Les Américains mettent à profit leur potentiel et leur influence pour développer l'économie et réaliser leurs objectifs géopolitiques.
Certes, il existe des fournisseurs plus proches, par exemple la Norvège. Sa part constitue aujourd'hui un quart du marché gazier européen. Les Norvégiens étaient convaincus il y a deux ans que cet indice serait porté à 40% d'ici 2030 et le gaz poserait en perspective le fondement de l'économie du pays. Cependant, ces pronostics étaient vite démentis. L'extraction a baissé et il n'y aura pas de nouveaux grands gisements. Les politiciens européens évoquent de plus en plus rarement le « miracle norvégien ».
En ce qui concerne la Turkménie, je doute, malgré les déclarations de l'UE, qu'elle s'intègre d'ici 2019 au marché européen. Il est très compliqué de construire le gazoduc transcaspien. Deux pays sur cinq: la Russie et l'Iran s'y opposent résolument. Il est difficile d'aménager le gazoduc via l'Iran parce qu'il entend vendre son gaz à l'Europe et évince les concurrents. Les Chinois contrôlent le gaz iranien, ils y sont intéressés et empêcheront les livraisons en Europe. Le facteur turkmène est exclu.
Il existe bien sûr du gaz des pays du Proche-Orient où la situation change tous les jours. La région étant au centre des intérêts des Etats-Unis, on ne saura prochainement garantir les livraisons de gaz en provenance du Proche-Orient en Europe.