La Grèce a plusieurs alternatives, contrairement à l'Union européenne dont les problèmes seront insurmontables, estime Panagiotis Lafazanis, ministre grec de la Réforme industrielle, de l'Environnement et de l'Énergie.
Dans son article intitulé "Isolons la cinquième colonne", publié mercredi dans la revue grecque Crash, ce dernier évoque les thèmes politiques d'actualité. Lafazanis est l'un des dirigeants les plus influents du parti au pouvoir Syriza, dont il commande l'aile gauche, et son "super-ministère" englobe quatre ministères.
Un défi historique
"La Grèce est confrontée aujourd'hui à un grand défi historique. Le sauvetage de notre pays est étroitement lié au refus d'obéir, à notre volonté de surmonter les difficultés et de dire non, ainsi qu'aux efforts entrepris pour emprunter une nouvelle voie progressive de développement, de rétablissement et de renaissance", écrit Lafazanis. Selon le ministre, bien qu'il soit actuellement question d'un "compromis d'honneur" avec les créanciers, "les prétendus partenaires et le FMI" ne veulent pas d'un accord qui impliquerait la survie élémentaire du peuple grec.
"Les centres mercantiles les plus intransigeants et impitoyables à Berlin, à Bruxelles et au FMI veulent tout prendre à notre pays — "les terrains et les eaux". Ils exigent de se soumettre et de se rendre. Ils exigent de nous de nouvelles mesures pour réduire les retraites et les salaires, pour vendre les biens nationaux, pour instaurer de nouvelles taxes. Notre gouvernement n'a pas l'intention de s'incliner et de se rendre", écrit le ministre.
Il est persuadé que si la Grèce, elle, a des solutions alternatives, ce n'est pas du tout le cas de l'UE ni du FMI.
"Les problèmes auxquels l'UE sera confrontée seront immenses, ils pourraient devenir ingérables et insurmontables", note le politicien. Selon lui, hormis le fait que la Grèce a une importance décisive du point de vue politique et géostratégique, il est difficile de s'imaginer une UE sans elle.
"La Grèce pourra tenir le coup et se remettre progressivement sur pieds en cas de rupture avec l'Union européenne. Mais l'UE, aussi paradoxale que cela puisse paraître, recevrait une sérieuse blessure dans ce cas, qui pourrait lui être fatale. Il est dans l'intérêt de l'Europe de soutenir la Grèce, de ne pas rester des orthodoxes néolibéraux irréconciliables et une hégémonie néocoloniale", estime Lafazanis.
Cinquième colonne
Le ministre est persuadé que l'Europe néolibérale et la zone euro dominée par l'Allemagne n'ont pas d'avenir. "Cette Europe se noie dans la stagnation économique, les litiges et les protestations intérieures croissantes, tandis que les divergences sociales se multiplient et la pauvreté augmente", écrit-il.
Selon lui, la Grèce marquera le début des changements en Europe.
D'après ce dernier, les nouveaux points d'appui de la Grèce pourraient être non seulement la Russie mais aussi la Chine, le Brésil, l'Amérique latine, l'Inde, l'Afrique et, bien sûr, le bassin méditerranéen. Cependant, explique Lafazanis, il est possible de gagner uniquement en isolant la cinquième colonne, qui a "toujours été une malédiction pour le pays".
"Cette cinquième colonne se compose de centres étrangers, d'oligarques, de médias dominants et de la dépendance politique intérieure. Nous parviendrons au succès si, comme le peuple, nous faisons preuve de cohésion, d'esprit combatif et de persistance, de volonté de grands changements, si nous résistons aux problèmes temporaires, si nous pensons à l'avenir que nous devons construire progressivement pour les générations futures", conclut Lafazanis.