Les bombardements du Yémen entraîneront de nouvelles attaques terroristes et de nouveaux naufrages de réfugiés au large de l'Europe, estime Patrick Cockburn, correspondant du quotidien Independent au Proche-Orient.
"Cet exotisme ne signifie pourtant pas que la guerre au Yémen, qui a débuté avec les bombardements saoudiens du 26 mars, ne concerne pas le reste du monde. D'ores et déjà ce conflit fournit à Al-Qaïda une excellente occasion de préparer des attaques terroristes comme celle perpétrée contre Charlie Hebdo à Paris", affirme Patrick Cockburn.
L'ingérence de Washington est la cause principale de la transformation du Yémen en foyer de "guerre permanente". Si autrefois ce pays était la zone d'un conflit d'intérêts opposant les Saoudiens et aux monarchies du Golfe, la situation a complètement changé avec le désir des Etats-Unis de mettre un terme à ces rivalités. Les interventions militaires de Washington et de Riyad ont politiquement divisé le Yémen en une multitude de forces incontrôlables. La militarisation du conflit ne profite qu'à Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (AQPA) et à d'autres groupes djihadistes.
"La guerre des drones tant vantée que l'Amérique mène contre AQPA n'a pas empêché cette dernière de conquérir des provinces entières", constate le journaliste.
C'est là que réside l'un des principaux malheurs pour l'Europe dont les dirigeants politiques refusent de reconnaître que les guerres au Proche-Orient (engagées principalement à l'initiative de Washington) sont à l'origine du terrorisme dans le Vieux Monde et des naufrages de bateaux de réfugiés en Méditerranée.