Dans toute monarchie, les femmes jouent un rôle important — les épouses, les maîtresses et les concubines des dirigeants. La Corée du Nord ne fait pas exception. Les yeux sont rivés aujourd'hui sur l'épouse de Kim Jong-un — la magnifique Ri Sol-ju. Mais ses prédécesseurs ne sont pas en reste.
Peu de temps avant ces événements, Kim Il-sung a fait la connaissance d'une Coréenne qui se battait également contre les Japonais: Kim Jong-suk.
Cette dernière est née en 1919 à Hoeryong, mais elle a quitté cet endroit encore enfant quand sa famille, comme celle de Kim Il-sung, a déménagé en Mandchourie. À l'instar de nombreuses filles paysannes elle n'a pas reçu d'éducation formelle. Il est probable qu'elle se soit instruite dans la guérilla. Ceux qui connaissaient la futur première dame de Corée du Nord lui témoignaient beaucoup de sympathie. On se souvient d'elle comme d'une femme gentille, souriante, travailleuse et loyale envers sa famille.
De toute évidence, le mariage entre Kim Il-sung et Kim Jong-suk n'a jamais été officiellement proclamé, ce qui n'a rien d'étonnant: la guérilla ne prévoit généralement pas de bureau d'état civil.
En septembre 1945, Kim Il-sung revient chez lui et se place à la tête du gouvernement de l'État nord-coréen en formation. Kim Jong-suk accouche d'un autre enfant à Pyongyang — une fille appelée Kim Kyong-jin. La sœur de Kim Jong-il a dirigé l'industrie textile nord-coréenne et a reçu le grade de général d'armée, avant de disparaître de l'arène politique en décembre 2013 après l'exécution de son mari, secrétaire du Comité central Jang Song-thaek, sur ordre de son neveu Kim Jong-un.
En 1949, Kim Jong-suk décède en accouchant. Au début des années 1950, Kim Il-sung se marie avec Kim Sung-ae, qui travaillait dans son QG comme secrétaire ou standardiste (les informations divergent). Kim Il-sung a eu quatre enfants avec sa seconde épouse.
Kim Jong-suk a reçu un modeste titre posthume — héroïne de guérilla. Dans le même temps, pendant presque quinze ans la presse nord-coréenne n'a pas mentionné l'existence de la seconde épouse de Kim Il-sung. Les Nord-coréens l'ont appris seulement en 1965, quand la presse officielle a brièvement mentionné l'apparition de Kim Sung-ae à une réception officielle.
Au début des années 1970, Kim Il-sung a pris une décision sans précédent pour les pays socialistes: transférer le pouvoir de manière héréditaire. Son successeur, son fils aîné Kim Jong-il, avait rapidement neutralisé les rivaux potentiels. Les enfants du second mariage de Kim Il-sung ont été envoyés à l'étranger pour occuper des postes diplomatiques notables mais n'avaient pas la possibilité de participer à part entière aux intrigues de couloir à Pyongyang.
Après la transformation de Kim Jong-il en héritier, la propagande nord-coréenne a commencé à promouvoir le culte de sa mère défunte Kim Jong-suk. Au final, la modeste couturière et cuisinière de la guérilla est devenue à titre posthume l'un des trois plus grands chefs de guerre du mont Paektu.
La vie privée de l'héritier a été très tumultueuse: dans sa jeunesse déjà il jouissait d'une certaine popularité auprès des représentantes de l'élite de Pyongyang. Certes, tout prince héritier est populaire par définition. Mais Kim Jong-il était en soi un homme charismatique et charmant. Bien que penchant facilement vers l'obésité, trait propre à la famille Kim, il maîtrisait habilement la moto, était passionné d'équitation, connaissait bien le cinéma et avait un bon sens de l'humour.
Cependant, Kim Jong-il s'efforçait de ne pas afficher sa vie privée, par conséquent on ignore le nombre exact de ses femmes, amies, ainsi que de leurs enfants.
La première passion sérieuse de Kim Jong-il fut l'actrice Song Hye-rim, "sex-symbol" de Pyongyang à l'époque, mariée au fils de l'un des écrivains nord-coréens les plus célèbres. Song Hye-rim a divorcé pour s'installer pendant plusieurs années à la résidence de Kim Jong-il, où naîtra son premier fils — Kim Jong-nam. Ce dernier vit actuellement à Macao, se tient à l'écart de la politique et semble avoir de sérieux différends avec son cousin Kim Jong-un, dirigeant actuel de la Corée du Nord.
Toutefois, depuis son commencement, la relation entre Kim Jong-il et Song Hye-rim fut ternie par l'aversion du Grand guide envers l'amie de son fils. Kim Il-sung n'appréciait en effet pas la liaison de son fils avec une femme divorcée. Il était irrité par le "dossier" suspect de l'élue de son fils, fille de communistes sud-coréens ayant fui en Corée du Nord à la fin des années 1940.
Rapidement après cette séparation, le jeune héritier s'est lié avec une jeune femme qui rappelait la précédente. Tout comme elle, Ko Young-hee était une artiste. Elle ne tournait pas au cinéma mais étant danseuse — et sa biographie n'était pas non plus irréprochable. Elle venait d'une famille de Coréens ethniques arrivés en Corée du Nord du Japon dans les années 1960 pour construire le socialisme. Kim Jong-il et Ko Young-hee ont eu trois enfants — les fils Kim Jong-chol et Kim Jong-un, et une fille, Kim Yo-jong. Ko Young-hee est décédée d'un cancer à Paris en 2004.
On considère que la secrétaire de Kim Jong-il, Kim Ok, a été sa dernière épouse. Elle était vingt ans plus jeune que le Grand guide.
Hormis trois relations de long terme, Kim Jong-il a eu plusieurs liaisons éphémères. Cela a manifestement affecté son fils Kim Jong-un, qui n'appréciait que son père changea si facilement de femme: le jeune dirigeant a décidé de devenir un père de famille exemplaire. Pour l'instant, il y parvient plutôt bien.
En été 2012, six mois après l'ascension de Kim Jong-un au trône de Pyongyang, le public a commencé à percevoir à côté de lui lors des événements publics et des concerts une jeune femme très sympathique et charmante. La presse nord-coréenne officielle a annoncé ensuite qu'il s'agissait de Ri Sol-ju et qu'elle était l'épouse du jeune maréchal.
On sait peu de choses de Ri Sol-ju. La nouvelle première dame de Corée du Nord semble être née dans la famille d'un militaire. Elle a fait de la musique et a même, selon des rumeurs, visité la Corée du Sud au sein d'une délégation nord-coréenne. Pendant un certain temps elle a été artiste au sein de l'ensemble Moranbon — le collectif nord-coréen le plus occidental d'esprit.
Début 2012, le couple a eu une fille. De toute évidence il s'agit de leur premier enfant. Certains ont déjà commencé à analyser quelle pourrait être l'influence de cette naissance sur le système de succession mais il est certainement trop tôt pour en parler. Il y a des raisons de douter que le système nord-coréen de monarchie absolue puisse exister suffisamment longtemps pour que la fille de Ri Sol-ju et de Kim Jong-un puisse être considérée comme une réelle prétendante au trône de Pyongyang.
Contenu réalisé à partir d'informations émanant de sources ouvertes