Oleg Kalachnikov, ancien président de la Rada suprême (parlement ukrainien) pour le Parti des régions (opposition), a été abattu mercredi à son domicile, rapporte le site MigNews citant le service de presse du ministère de l’Intérieur.
Proche de l’ancien président Ianoukovitch, M. Kalachnikov était l’un des organisateurs de la filiale de Kiev du mouvement Anti-Maïdan, hostile aux manifestations pro-européennes suivies d’un coup d’Etat début 2014. Il avait reçu des menaces à plusieurs reprises, sans qu'aucune mesure n'ait été prise afin de garantir sa sécurité.
L'assassinat de M. Kalachnikov a également été confirmé par le conseiller du ministre ukrainien de l’Intérieur Anton Guerachtchenko. Selon M. Guerachtchenko, des poursuites ont été engagées conformément à l’article 115 du Code pénal ukrainien (« meurtre avec préméditation »). Selon lui, l’enquête examine plusieurs pistes: l’activité politique de la victime (financement du mouvement Anti-Maïdan), des problèmes financiers (le défunt avait des dettes), ses relations personnelles, et un meurtre commis en vue d’un vol.
Le jour de sa mort, M. Kalachnikov avait envoyé à un de ses amis un courrier électronique dans lequel dénonçait les pressions subies par les opposants aux nouvelles autorités du pays.
"Le génocide éhonté des dissidents, les menaces d’élimination physique et les insultes incessantes pour avoir appelé à fêter les 70 ans de la Victoire lors de la Grande Guerre patriotique (victoire de l'URSS dont la célébration est décriée par les autorités de Kiev, proches des mouvements néonazis, ndlr) sont devenues la norme dans l’Ukraine actuelle occupée par les nazis", stipule la lettre.
Suicides en série
Ce meurtre s’ajoute à la longue liste de mystérieux suicides survenus dans l’entourage de l’ancien président Viktor Ianoukovitch, déposé à la suite d’un coup d’Etat en février 2014.
Le 29 janvier 2015, Alexeï Kolesnik, ancien président du gouvernement local de la région de Kharkov et membre du Parti des régions, s’est suicidé par pendaison. Le 24 février 2015, Stanislav Melnik, du Parti des régions, retourne son arme contre lui.
"Les opposants vivent dans la terreur"
Les membres du Parti des régions toujours présents en Ukraine vivent dans la terreur, écrit l’édition britannique The Guadian. "Tout le monde a peur. Ils ne veulent pas avoir à sauter par la fenêtre ou à se loger une balle. Ou qu’on les y aide", a déclaré dans une interview au quotidien un ancien membre du Parti des régions, qui a rejoint le Bloc d'opposition (force hostile à l’Euro-Maïdan).
Sergueï Larine, un autre membre du Bloc d'opposition, a confié à la publication qu’en province, des centaines de personnes sont chaque jour convoquées pour être interrogées par les enquêteurs. "Le Bureau du Procureur général a été transformé en un organe punitif", estime-t-il. "Des interrogatoires sans fin, la pression des enquêteurs, des menaces directes — l'objectif n’est pas la suprématie du droit, mais d’obtenir des avantages politiques C’est une justice aux ordres", a indiqué M. Larine, dont les propos sont cités dans la publication.