De l’hypocrisie en premier lieu car ces Etats, qui invoquent « la crise ukrainienne et l'annexion de la Crimée par la Russie », en mars 2014, pour justifier de cette ébauche d'alliance nordique n'ont pas attendu les manifestations de Maïdan pour marquer leur défiance vis-à-vis de la Russie et leur attrait pour une coopération accrue avec l'OTAN.
Dès 2009 la création de NORDEFCO (NORdic DEFence COoperation) entre les cinq Etats signataires de la tribune annonçait déjà cette volonté de rapprochement alors qu'à Kiev Viktor Iouchtchenko, farouche partisan de l'intégration de l'Ukraine dans l'OTAN et l'UE était encore au pouvoir. Dans les faits, la Suède et la Finlande n'ont cessé de se rapprocher peu à peu de l'Alliance Atlantique depuis leur intégration au sein de l'Union Européenne, c'est-à-dire depuis 1995.
On peut comprendre cette attitude un peu paranoïaque de la part de la Finlande à l'aune des guerres qui ont opposé Soviétiques et Finlandais en 1939-1940 puis entre 1941 et 1944. La « finlandisation », expression aujourd'hui courante du langage diplomatique, a aussi laissé des traces dans les relations entre Moscou et Helsinki. La proximité culturelle enfin entre Finlandais et Estoniens, ces derniers figurant parmi les plus farouches atlantistes et opposants à la Russie, peut expliquer cette volonté finlandaise de s'intégrer au sein d'un bloc nordique regroupant nations scandinaves, finno-ougriennes et baltes.
L'Islande, qui a abrité des troupes américaines jusqu'en 2006, est membre de l'OTAN et a des accords de défense avec le Danemark et la Norvège, ne peut se permettre de rester en marge de cette initiative alors qu'elle ne dispose d'aucun moyen de défense. On chercherait cependant longtemps les raisons pour la Russie de s'en prendre à l'île volcanique, vis-à-vis de laquelle elle a eu par le passé des positions amicales alors que l'économie islandaise était en crise.
La Suède n'est pas non plus d'une franchise exemplaire dans ce dossier. Car la question de l'appartenance à l'OTAN était posée bien avant que la crise ukrainienne n'éclate.
Dans les faits les Suédois, mais aussi les Finlandais, ne se disent plus neutres mais revendiquent une position « militairement non-alignée » ou « militairement non-alliée », depuis les années 1990. La Russie, ruinée, était pourtant loin à l'époque de pouvoir constituer une menace…
Nous assistons donc à la simple accélération d'un processus engagé depuis près de vingt ans, l'entrée de l'ensemble du monde nordique, Etats neutres compris, dans la sphère de défense atlantiste. La crise ukrainienne n'est qu'un prétexte.
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2 http://www.bloomberg.com/news/articles/2015-03-18/norway-s-statoil-plans-four-oil-wells-in-russia-amid-sanctions
3 Voire « La Suède se découvre sans défense », Le Figaro, 15 janvier 2013, http://www.lefigaro.fr/international/2013/01/15/01003-20130115ARTFIG00620-la-suede-se-decouvre-sans-defense.php
4 « The Nordic countries and the European security and defence policy », p. 8.
http://books.sipri.org/files/books/SIPRI06BaHeSu/SIPRI06BaHeSu.pdf