Comme l'a dit le porte-parole du premier-ministre, cette décision a été prise pour des raisons humanitaires et plus globalement en fonction des intérêts israéliens du moment.
C'est en représailles à l'adhésion palestinienne à la Cour pénale internationale, que le gouvernement avait suspendu le versement des taxes. Au total, depuis le début du mois de janvier, c'est près de 340 millions d'euros qui manquaient dans les caisses palestiniennes.
Exaspérés par des décennies de vaines négociations, sans aucune perspective de voir naître prochainement l'Etat auquel ils aspirent depuis longtemps, les Palestiniens ont fait le choix d'internationaliser leur cause.
Qu'est-ce qui oblige le premier ministre israélien à faire des gestes de modération? Qu'impliquera l'adhésion de la Palestine à la CPI dans les relations entre les deux parties? Dominique Vidal, journaliste et essayiste, spécialiste du conflit israélo-palestinien et auteur de plusieurs livres nous a donné sa version:
Dominique Vidal. La décision de débloquer des fonds destinés aux Palestiniens s'inscrit dans les rapports assez tendu actuellement entre Israël et les États-Unis. L'administration de Barack Obama a jugé d'une manière extrêmement négative la campagne menée par Benjamin Netanyahu au moment des élections du 17 mars. Il y a une période de grandes difficultés entre les deux pays. Cette décision de rendre aux Palestiniens ce qui d'ailleurs leur appartient vise à calmer la situation.
Sputnik. Qu'est-ce qui va changer le fait que la Palestine est devenue officiellement membre de la Cour Pénale internationale? Qu'implique cette intégration?
Dominique Vidal. C'est très important de point de vue des Palestiniens, puisque pour la première fois, on leur permettra de faire traduire les dirigeants israéliens en justice devant la Cour Pénale Internationale. Il s'agit notamment des crimes de guerre commis au moment des grandes périodes du conflit, je pense en particulier à la guerre contre la bande de Gaza lors de l'été dernier.
Sputnik. Quelles conséquences peut entraîner une élection de Benjamin Netanyahu pour Israël et la Palestine?
Sputnik. Quelle est et quelle doit être la ligne politique française sur ce point?
Dominique Vidal. C'est difficile de l'analyser parce qu'elle évolue. On a vu au moment de la guerre contre Gaza que le président Hollande avait manifesté un soutien qui a beaucoup choqué par son caractère très unilatérale à Israël. Depuis, l'Élysée aussi bien que Quai d'Orsay ont essayé de rééquilibrer cette politique. On a vu au moment du vote sur le projet de résolution franco-palestinienne au Conseil de sécurité en décembre 2014, où la France a voté en faveur de ce texte. J'ai entendu le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius annoncé que la France qui travaille à nouveau sur un texte pour la Palestine au Conseil de la sécurité, s'est engagée à voter une deuxième fois en faveur de ce texte. C'est un texte important puisqu'il fixe à la fois les frontières de futur État palestinien, c'est-à-dire les frontières du 4 juin 1967, il fixe la capitale Jérusalem-Est et il prévoit un délai de deux ans pour que les négociations aboutissent.
Sputnik. À votre avis, est-ce qu'il est possible qu'un État palestinien apparaisse dans un futur proche?
Dominique Vidal. Ça ne dépend que d'une chose, des rapports de forces que la communauté internationale voudra concrétiser ou non. Tant qu'il n'a pas de décision claire du Conseil de sécurité, tant qu'il n'y a pas la menace de sanctions à l'égard d'Israël s'il viole les résolutions de l'ONU et en général le droit international, ça n'avancera pas. Il y a visiblement la nécessité d'une pression extrêmement forte de la communauté internationale pour que le gouvernement israélien accepte de négocier sur la base du droit international. Il faut que les dirigeants israéliens sachent qu'ils doivent se plier aux décisions de la communauté. Internationale. Je vous rappelle que l'ONU avait partagé la Palestine le 29 novembre 1947 en prévoyant deux États et on attend toujours le deuxième.