Des amis jurés : pourquoi Washington « écoutait » Berlin ?

© AP Photo / Martinez MonsivaisBarack Obama, right, listen to German Chancellor Angela Merkel
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Un scandale d’espionnage a bouleversé l’Allemagne en automne 2013. On a appris que les services spéciaux des Etats-Unis pratiquaient de longues années durant l’écoute du téléphone mobile de la chancelière allemande Angela Merkel.

Глаз, смотрящий в замочную скважину с символикой BND и NSA - Sputnik Afrique
L'Allemagne, sixième œil des renseignements américains
Des officiels de la NSA (Agence nationale de la sécurité), et même M. Obama sont unanimes à dire que les écoutes téléphoniques sont indispensables pour combattre le terrorisme. Il est cependant peu probable que Mme Merkel et des dizaines d'autres leaders européens ont un quelconque rapport à Al-Qaïda. Se pose alors cette question inévitable et incommode pour les Etats-Unis: à quoi bon se livrent-t-ils à l'espionnage électronique de leurs, disent-ils, alliés?

Après les révélations sensationnelles de l'ex-consultant de la NSA Edward Snowden sur l'espionnage total pratiqué par les services spéciaux américains, rien ne semblait pouvoir étonner le monde. Or le scandale des écoutes entre Berlin et Washington a bouleversé tous. Ce n'est pas le fait même d'espionnage qui a frappé, mais le sans gêne avec lequel les Américains espionnaient leurs « amis » en Allemagne.

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Espionnage US: dès 2005, le renseignement allemand savait (Spiegel)
Il a été établi que Washington surveillait Mme Merkel depuis 2002, c'est-à-dire avant qu'elle n'ait pris la tête du gouvernement allemand. Les appareils d'écoute étaient installés en territoire de l'ambassade américaine, distante de six cent mètres du quartier gouvernemental à Berlin. Tous ses téléphones mobiles étaient écoutés, dont le gouvernemental crypté. Seul le téléphone fixe de la chancellerie n'était pas mis sur l'écoute. Comme l'affirme la presse allemande, depuis 2010 le président américain Obama était informé en personne à propos de l'espionnage de Mme Merkel.

Cette histoire a suscité une forte résonnance dans la société allemande, dit le doyen de la faculté de la sociologie et de la politologie à l'Université financière auprès du gouvernement de Russie, Alexandre Chatilov.

Le scandale de 2013 a, bien entendu, sérieusement gâté les rapports germano-américains. Même si dès le début Mme Merkel était une créature de Washington. De toute façon, la révélation des faits d'espionnage de principaux politiques allemands a porté un coup grave aux relations bilatérales et a provoqué un écho certain dans la société et une atmosphère de méfiance au sein de l'élite.

La première réaction de Mme Merkel était prévisible — elle était en colère. La chancelière a demandé des excuses de la Maison Blanche, mais aussi l'information sur les opérations menées par la NSA dans les pays de l'UE afin d'évaluer l'ampleur réelle du problème.

Or subitement elle changea sa colère en douceur. Angela Merkel a déclaré qu'un « méchant accommodement valait mieux qu'un bon procès ». Il est devenu évident qu'il n'était pas dans les intérêts de la chancelière allemande de faire un grand scandale, constate l'ex-agent du Service de renseignement extérieur de Russie, Lev Korolkov.

Au cours des écoutes de leur créature Mme Merkel ils ont obtenu des données, dont la publication lui aurait causé un grand préjudice. Les parties ont, sans doute, préféré ne pas le faire, pactiser l'une avec l'autre.

Le conflit a eu un dénouement paradoxal. Le Parquet a décidé de clore l'affaire en arguant l'absence de preuves. Les leaders des deux pays se sont entendus d'intensifier la coopération entre leurs renseignements. Un brusque changement de la position de Mme Merkel à l'égard de la Russie n'a pas toutefois passé inaperçu. On peut donc supposer que Washington a réussi à recueillir un dossier important sur la chancelière allemande.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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