Ces amendements superficiels ne règlent pas pour autant le problème de la réforme des méthodes des renseignements, toujours en suspens au congrès. Parallèlement à ces initiatives législatives, il a été annoncé qu'un programme d'écoutes d'envergure existait également en Allemagne.
Obama devait annoncer que l'information sur un citoyen américain qui ne concernait pas les tâches du renseignement extérieur devait être supprimée immédiatement. Dans le cas d'un citoyen étranger, les données peuvent être conservées pendant cinq ans. De plus, si les autorités d'un autre pays ont transmis aux renseignements américains des informations sur la vie privée de leur citoyen, ce dernier est en droit de saisir la justice.
Si les services de renseignements américains ont eux-mêmes intercepté ces informations, le citoyen étranger concerné ne pourra alors pas porter plainte.
Ces mesures superficielles ne signifient qu'une chose: un an après la promesse d'Obama de mettre un terme à la surveillance massive scandaleuse dénoncée par l'ex-agent américain Edward Snowden, rien n'a vraiment changé.
Obama a laissé cette affaire à la charge du congrès, qui a longtemps débattu, proposé, voté et rejeté, mais sans que toute cette agitation débouche sur des réformes. D'ailleurs, l'administration peut à tout moment mettre un terme au programme d'écoutes sans l'intervention du congrès. Toutefois, les successeurs d'Obama reviendront très certainement sur sa décision.
Les remarques du président devaient également porter sur les sociétés de télécommunications directement impliqués dans les écoutes. Les services de renseignements reçoivent des informations de leur part par le biais d'une procédure spéciale ne nécessitant pas d'autorisation judiciaire. Il est par ailleurs interdit aux sociétés de publier ces documents. Désormais, les requêtes seront déclassifiées trois ans après le début de l'enquête ou immédiatement après sa clôture.
Enfin, le président américain devait annoncer l'instauration d'un suivi régulier des écoutes de dirigeants étrangers par la NSA, supervisé par la Maison blanche. Cette décision a été prise suite au scandale en Allemagne, qui avait éclaté quand la chancelière allemande Angela Merkel avait appris que son téléphone était écouté par la NSA depuis dix ans, et qu'Obama avait prétendu ne pas le savoir. Ce geste est d'autant plus notable que Merkel se rendra prochainement à Washington pour évoquer une coopération plus étroite dans le domaine de l'échange de renseignements.
Selon des sources confidentielles de l'hebdomadaire Die Zeit, il s'est avéré que le Service fédéral de renseignement (BND) allemand n'avait rien à envier à la NSA et aux services britanniques, qui pratique également des écoutes à grande échelle depuis les attentats du 11 septembre 2001 et envoie des informations de l'autre côté de l'océan.
L'appétit du BND grandit: il y a quelques mois il a demandé d'augmenter son financement de 300 millions d'euros. Pas étonnant que malgré le scandale retentissant des écoutes de la chancelière, Obama et Merkel se soient finalement compris: ils ont des objectifs et des problèmes communs. Par conséquent, après les révélations de la presse allemande, le concept des Cinq yeux paraît obsolète — l'Allemagne est aujourd'hui le sixième œil.