Miroslav Lazanski, analyste militaire, éditorialiste du journal Politika (Belgrade):
"Dès le moment où le déploiement du bouclier antimissile en Europe a été évoqué pour la première fois, j'ai toujours affirmé qu'il n'était lié ni au programme nucléaire iranien, ni aux missiles nord-coréens. Son unique vocation est de neutraliser le potentiel nucléaire russe.
Les négociations avec l'Iran constituent le meilleur test pour l'Occident. A l'heure actuelle, il n'existe plus de raisons formelles pour poursuivre la création de ce bouclier. Cependant, les Etats-Unis continuent de le faire, car cela s'inscrit dans leur politique visant à «encercler» la Russie. Le danger principal du bouclier consiste dans le fait que les missiles intercepteurs peuvent être facilement remplacés par des missiles offensifs dotés d'ogives nucléaires".
"Suite à la conclusion de l'accord de Lausanne, la nécessité d'installer des systèmes antimissiles américains en Europe de l'Est a disparu. Si le déploiement de ces systèmes près des frontières russes se poursuit, il sera clair pour tout le monde qu'ils sont dirigés contre la Russie. Dans ce cas, les Etats-Unis ne réussiront plus à induire l'opinion mondiale en erreur concernant leurs véritables intentions".
Marek Toczek, contre-amiral polonais à la retraite:
"L'Iran n'est plus considéré aujourd'hui comme une menace, et je ne pense pas que la Pologne ait vraiment besoin de ce prétendu bouclier antimissile. Toute décision concernant le système de ce gendre profiterait à quelqu'un d'autre, mais pas à la Pologne.
Si des structures et des sites de ce type étaient mis en place en Pologne, cela provoquerait manifestement une dissonance. Il fut un temps où nous étions fiers de voir les troupes étrangères quitter le territoire de notre pays. Nous sommes accédés à l'indépendance, tout au moins dans le domaine militaire. Si soutenons ce projet, cela signifie que nous n'avons tiré aucune leçon du passé. Nous accepterons donc une dictature qui nous causera à l'avenir un préjudice beaucoup plus important".
"L'accord de Lausanne n'a pas apporté de changements fondamentaux aux relations irano-américaines. Mais les responsables politiques du monde entier savent que dans certains cas, des ennemis politiques jurés peuvent devenir amis et vice versa. Les dirigeants iraniens et américains continuent de se haïr. Des notes négatives à l'adresse de la République islamique se sont fait entendre hier dans le discours de Barack Obama. Il y a quelques jours, l'ayatollah Khamenei a pour sa part de nouveau employé sa formule habituelle «Mort à l'Amérique!» Donc, rien n'a changé dans les relations entre les deux pays.
Washington n'a pas l'intention de démanteler ses éléments de défense antimissile en Europe de l'Est. Ces systèmes sont toujours dirigés à la fois contre l'Iran et la Russie".
Selon le plan publié par l'administration de Barack Obama en 2009, la mise en place du système de défense antimissile balistique, dit "bouclier antimissile", doit se dérouler en quatre étapes.
A l'étape initiale (2009-2011), des bâtiments de guerre dotés de missiles sol-air et de missiles intercepteurs ont été déployés en Méditerranée et un radar a été installé en Turquie. Ensuite, une base de défense antimissile a fait son apparition en Roumanie. Une autre base similaire doit être aménagée d'ici 2018 en Pologne. Il est en outre prévu de perfectionner d'ici 2020 le bouclier de manière à le rendre capable d'intercepter non seulement les missiles de courte et de moyenne portée, mais aussi les missiles balistiques intercontinentaux.