Cette Lettre ouverte à l'attention des leaders de la République islamique d'Iran n'a pas de destinataire concret et n'évoque pas les noms du leader suprême Ali Khamenei, du président Hassan Rohani ou d'autres responsables iraniens. La tonalité de la lettre témoigne d'un manque flagrant de respect envers les autorités iraniennes et frise souvent la moquerie: "Nous espérons que cette lettre élargira vos connaissances de notre système constitutionnel et favorisera la compréhension mutuelle et la clarté conformément au progrès des négociations sur le problème nucléaire".
La Maison blanche et les congressistes démocrates ont considéré cette lettre comme un coup porté dans le dos des dirigeants du pays, qui tentent de régler de manière pacifique l'une des crises internationales les plus importantes actuellement.
Le président, en retour, a accusé "certains membres du Congrès" de créer une "coalition extraordinaire" avec les conservateurs iraniens. Hillary Clinton, qui pourrait devenir ce futur leader américain avec lequel les sénateurs républicains ont tenté d'impressionner Téhéran, a également essayé d'assouplir l'effet négatif de ce message aux yeux des autorités iraniennes. Ainsi, elle a souligné son soutien absolu aux efforts de l'administration Obama en matière de règlement de la crise nucléaire iranienne "Soit ces sénateurs aident l'Iran, soit ils nuisent au commandant en chef au moment où tout le monde compte sur le succès des efforts diplomatiques internationaux", a fait remarquer Hillary Clinton, ancienne secrétaire d'État et possible candidate à la présidentielle.
La Maison blanche craint que la lettre des sénateurs puisse faire le jeu des conservateurs iraniens. Ces estimations sont tout sauf infondées: les partisans de la ligne dure par rapport à l'Occident renforcent effectivement leurs positions à Téhéran, ce dont témoigne l'élection inattendue de l'ayatollah Mohammad Yazdi, opposant à l'accord nucléaire et au rapprochement débuté entre l'Iran et les États-Unis, à la présidence du Conseil d'experts, très influent. Cette institution joue un rôle important dans le système sophistiqué du pouvoir iranien et a notamment le droit de nommer et de destituer le leader suprême du pays, qui se trouve au sommet de la pyramide de pouvoir, au-dessus du président.
La nomination de l'ayatollah Yazdi signifie donc qu'Ali Khamenei pourrait être remplacé par un conservateur et que l'accord nucléaire, pas encore signé, pourrait subir un coup double: de la part de Washington et de Téhéran.