Les nombreux conflits en Afrique, l'apparition soudaine de l'État islamique, la crise ukrainienne… Il est évident que toutes ces menaces découlent de la faillite de l'idée selon laquelle le fameux pouvoir sur la matière conduit en soi au bonheur général. Pour reprendre les termes d'Arnold Toynbee, l'humanité fait face à un nouveau défi — la nécessité de régler des problèmes globaux engendrés par la domination de concepts purement matériels du développement de l'humanité dans le domaine de l'idéologie sociologique et de la vie sociale, qui perdure depuis le Siècle des Lumières. L'existence même de la civilisation dépend de la réponse à ce défi.
Certes, "l'homme moderne" peut maîtriser la force créative des processus biophysiques et biochimiques, comme il a maîtrisé les forces de la vapeur et des atomes à une autre époque. Mais si l'humanité s'avérait incapable d'user de son influence sur ces forces pour créer, et non détruire la vie, alors la probabilité de sa disparition en tant qu'espèce biologique serait prochainement bien plus élevée qu'à l'époque de la confrontation balistique entre deux superpuissances.
La compréhension du fait que la crise de l'ordre mondial global ne peut pas se réduire à la confrontation Ouest-Est est un premier pas vers la recherche d'une solution. En réalité, aussi étrange que cela puisse paraître, on assiste à une "situation révolutionnaire" d'ampleur mondiale.
Mais une situation révolutionnaire ne dégénère pas forcément en révolution. Strictement parlant, l'histoire de l'humanité indique que seule l'union de la justice et de l'amour envers les hommes donne la possibilité de choisir une voie de développement social évolutive (créative) et non révolutionnaire (destructive). Comme en témoigne l'expérience séculaire des Anglo-Saxons et millénaire de la civilisation chinoise. Tout comme les douze siècles de l'expérience russe de désamorçage des troubles et des discordes grâce à "la paix, l'amour et la vérité".