Nous venons d'en faire l'expérience d'abord à travers les nouvelles perles de Charlie Hebdo, infatigable et inénarrable, ensuite à travers les pleurnicheries de Libé de Le Point autour de la garde à vue de M. Alexeï Gontcharenko, enfin, à travers la conclusion très originale d'Olivier Ravanello selon lequel la vie humaine ne vaut rien en Russie au vu du meurtre de Nemtsov.
En voici un bref descriptif: Donetsk est en ruines. En plein centre de ce désastre, des petits bonhommes s'entretiennent sur la façon dont il faudrait remédier à l'ennui marécageux qui s'est abattu sur la ville suite à la signature de Minsk-2: "Et si on organisait quelque chose avec des caricaturistes", disent-ils? On notera au passage l'ambiguïté de la formule. Certains parleront d'humour gras. Sincèrement, j'appellerais ça du cynisme consommé mais pas assumé. Les satiristes qui ont produit cette perle, la reproduiraient-ils s'ils voyaient, sur place ou du moins sur des photos, des corps d'enfants déchiquetés par les bombes? Les enfants de ceux qui sont représentés sur leur gribouillis. Gommeraient-ils leur énième chef-d'oeuvre s'ils voyaient "en vrai" des maisons éventrées? Les maisons de ceux qui selon l'équipe Charlie devraient s'ennuyer de ne plus entendre tirer. Qu'aurait-on dit à Paris si des satiristes russes avaient publié une caricature deux jours après le carnage à Charlie en inscrivant en guise de légende: "Deux jours après le massacre. Qu'est-ce qu'on doit s'ennuyer dans les locaux de Charlie"! Ce qui est permis à Jupiter ne l'est pas aux vaches, a-t-on voulu faire croire aux Russes durant les heures noires de la pseudo-démocratie russe genre "années 90".
En réalité, le Comité d'enquête avait un mandat d'arrêt contre ce monsieur du fait de sa participation avérée au massacre odieux du 2 mai à Odessa. Vous pouvez taper son nom sur youtube et mettre "Odessa" à côté et vous le verrez en train de filmer les cadavres calcinés des victimes en rigolant. Toutes les fois que les journalistes lui demandent de confirmer ou de nier son implication dans cette tuerie digne des horreurs du III Reich, M. Gontcharenko se montre évasif ou se ferme comme une huître. Intéressant comme réaction!
Alors sauf mon respect pour M. Ravanello, sauf mon respect et mes condoléances réitérées à l'égard de Charlie, je crois que s'il y a une perception de la vie à géométrie fortement variable, ce n'est pas en Russie qu'il faudrait en chercher les traces.
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