C'est la première fois que la Chine sort sur le marché avec un système d'armes si complexe et cher que le système missile air-sol à moyenne portée, sur le marché d'un grand État relativement développé qui a des liens militaires et techniques étroits avec l'Occident. La Turquie est un État vaste et autoritaire qui exerce une influence particulièrement importante sur les pays du monde musulman. Le contrat de livraison de 12 divisions HQ-9 pour un coût estimé à 3,6 milliards de dollars entraînera un changement de l'attitude des politiciens de plusieurs États à l'égard des armes chinoises.
La Turquie est un nouveau leader régional, qui cherche à mener une politique indépendante malgré son appartenance à l'Otan et l'accord d'association avec l'Union européenne. Les dirigeants turcs mènent une politique qui déplaît à l'Occident. Dans le contexte de la crise ukrainienne, la Turquie n'a pas seulement refusé de se joindre aux sanctions contre la Russie, mais a conclu avec Moscou des accords stratégiques dans le domaine du commerce de gaz et de l'énergie nucléaire. La Chine représente pour la Turquie un autre partenaire stratégique, probablement aussi important que la Russie. La coopération avec la Chine et la Russie assure la stabilité de la Turquie face à la pression croissante de l'Occident.
Il ne fait aucun doute que la décision de la Turquie d'acheter tout de même des systèmes chinois provoquera une réaction négative des États-Unis. Mais si la Turquie a pu prendre la décision sur l'achat du gaz russe, cette fois-ci elle n'aura pas non plus de gros problèmes. Une leçon importante que l'on peut tirer de cette histoire est que la Chine est en train de devenir une superpuissance à part entière et un pôle d'attraction pour les pays en développement. Grâce à l'ampleur de l'économie et de l'État chinois, mais aussi à l'aptitude de la Chine de mener une politique extérieure indépendante.
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