Le ministre turc de la Défense Ismet Yilmaz a proclamé la Chine pays vainqueur de l'appel d'offres pour l'élaboration des systèmes antimissiles qui engageait le consortium américain Raytheon & Lockheed Martin et le consortium européen Eurosam. Ankara se prononcera définitivement fin avril. Les résultats risquent d'être une nouvelle fois annulés sous une forte pression des Etats-Unis. C'est ce qui s'était produit en 2013 après l'annonce de la décision de la Turquie d'acheter 12 systèmes antimissiles à une société chinoise.
C'est naturel, car tout est déterminé par un affrontement des intérêts. Les Etats-Unis conçoivent dans cette région leur système de défense antimissile avec pour partenaire principal Israël qui a des choses à proposer à cet effet. La Chine enregistre certains progrès dans le système de commande qui permettent d'utiliser ensemble les missiles antimissiles. Elle a gagé, probablement, sur cela et a fait des propositions assez intéressantes à la Turquie. Celle-ci est membres de l'OTAN et est limitée au regard de la prise des décisions indépendantes. Mais elle peut assurer ses positions et obtenir plus dans le cadre de l'Alliance et dans ses rapports avec les Etats-Unis, en signalant sa disposition à accepter les propositions de la Chine en matière de défense antimissiles.
Pékin ne pouvait ne pas calculer cette combinaison, sans parler de l'opportunité de fissurer pour la première fois le contrôle entier des Etats-Unis de tout ce qui se passe dans l'OTAN. Voici ce qu'en pense Vladimir Ievséïev, directeur du Centre des études sociales et politiques:
C'est un signal d'alarme pour l'OTAN. Certes, ce n'est pas un premier cas. On peut parler des livraisons des armements russe à la Grèce, qui est également membre de l'OTAN. Mais en somme une accumulation de ce genre d'événements rendra plus difficile la direction américaine de l'OTAN. Et de tels problèmes vont constamment augmenter. L'apparition de certaines contradictions internes affaiblira l'unité de l'OTAN, étant donné la règle du consensus qui compliquera la prise des décisions.
Il est clair que les 4 milliards de $ que la Chine peut gagner en remportant l'appel d'offres lancée par la Turquie n'est qu'une partie de son jeu. L'intérêt commercial peut être largement dépassé par l'effet géopolitique — saper les positions des Etats-Unis à l'OTAN en tant qu'instrument américain de l'influence et de contrôle global.