Au moment où le "quartet normand" prône une issue pacifique à la crise ukrainienne, le "héros de la fête", Piotr Porochenko, signe une vingtaine de contrats avec les Emirats arabes unis sur la livraison d'armes. N'est-ce pas la meilleure façon de prouver sa détermination à obtenir la paix? Parallèlement, le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le premier ministre britannique David Cameron appellent à durcir les sanctions à l'encontre de la Russie. Pourquoi le monde anglo-saxon cherche-t-il à entraver les récentes ententes de Minsk-2? Et combien de rencontres au "format Normandie" suffiront à régler la crise ukrainienne?
"Au-delà du scellage de cet accord et de son application, il y a un problème ancien qui va demeurer entre l'Europe et les Etats-Unis, d'une part, et la Russie, d'autre part, sur un système de sécurité collective. Cela nous ramène à une ambiguïté, à un péché originel au lendemain de la chute du mur de Berlin et du démantèlement du pacte de Varsovie. A l'époque, il aurait fallu démanteler l'OTAN et remettre à plat un accord de sécurité collective négociée, principalement, entre l'Union européenne et la Russie. Pour de multiples raisons historiques, ce n'a pas été le cas. D'où le malentendu avec un élargissement continu de l'Union européenne et celui de l'OTAN, puisque la plupart des pays anciens membres du pacte de Varsovie, à commencer par la Pologne, ont adhéré à l'OTAN qui, depuis la chute du mur de Berlin, n'a cessé de se redéployer autour de la Russie en répétant que la Russie n'était pas l'objectif et qu'il s'agissait de contenir l'Iran ou la Chine. L'actuel secrétaire général de l'organisation Anders Fogh Rasmussen a dit ouvertement qu'il s'agissait pour l'OTAN de continuer sa politique d'encerclement de l'ancienne zone d'influence de l'Union soviétique, aujourd'hui, de la Fédération de Russie. L'épicentre de la crise ukrainienne remonte à ce malentendu et à cette espèce d'asymétrie entre l'alliance atlantique qui ne cesse de se consolider et de se déployer et la zone d'influence russe qui, depuis la chute du mur de Berlin, a perdu près d'un tiers de son territoire et de sa population.
On assiste aujourd'hui à une avancée de la diplomatie britannique qui prône, entre-autres, la livraison d'armes létales à l'Ukraine. C'est tout à fait contraire à l'esprit des accords de Minsk. Classiquement, les Britanniques servent de petits coursiers aux options américaines, pas seulement en Ukraine: on le voit au Proche et Moyen-Orient, même en Afrique. Traditionnellement, leur rôle est de faire ce que les Américains ne peuvent pas faire directement.
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