Il est même inconcevable, aujourd'hui, d'imaginer les forces aériennes d'un état moderne sans drones. Jusqu'à récemment, les États-Unis dominaient la construction et l'utilisation de ces derniers, mais leur leadership pourrait bientôt être menacé par le drone russe de reconnaissance et d'attaque Dozor-600.
L'idée d'ajouter aux fonctions de reconnaissance des drones la tâche de détruire des objectifs est venue aux constructeurs au tournant des XIXe et XXe siècles. Le légendaire Nikola Tesla avait notamment conçu un petit planeur radiocommandé capable de lancer de petites bombes, mais son appareil n'avait intéressé personne à l'époque.
Le premier drone produit en série fut le modèle américain MQ-1 Predator, qui a réussi à frapper des cibles visées dans le cadre de vols d'entraînement. À partir de ce moment, la nécessité de créer une arme similaire pour les besoins de l'armée russe est devenue évidente.
Le premier prototype du nouveau drone russe a été présenté au public lors du Salon international aérospatial de Moscou en 2009. Le drone Dozor a effectué un vol de démonstration qui n'a duré que quelques minutes, mais les discussions sur ses caractéristiques techniques et sur la comparaison avec ses homologues étrangers ne cessent pas depuis plus de cinq ans.
La structure de la coque de Dozor et celle de son homologue d'outre-Atlantique sont similaires: elles ont une configuration aérodynamique normale avec un fuselage monopoutre. Par son envergure, le MQ-1 Predator dépasse le drone russe de presque d'un tiers — 17 contre 12 mètres. Ces dimensions modestes sont également observables dans la petite masse de charge utile et la masse maximale de décollage. Au premier abord, il semblerait que ce caractère compact soit un défaut: le petit poids de décollage signifie moins de missiles, ce qui est un facteur déterminant pour un drone d'attaque. Mais ces doutes sont rapidement dissipés: les dimensions plus réduites signifient une moindre visibilité pour les systèmes de détection. La petite masse de décollage, qui limite théoriquement le type et le nombre de missiles, peut être compensée par les missiles spécifiques compacts air-sol ou les missiles antichar qui, d'après les rumeurs, seraient déjà en développement spécifiquement pour le Dozor-600. Même sans missiles spécifiques, il est possible d'installer, par exemple, quatre missiles antichar Chtourm ou Ataka, dont la masse ne dépasse pas 50 kg. Predator, à son tour, est armé de deux missiles antichar AGM-114 Hellfire qui se sont bien comportés en Irak et en Afghanistan.
Il est intéressant de noter que la puissance des moteurs des drones russe et américain est la même: 115 chevaux. Cela signifie que le Dozor-600, avec moins de poids et de taille, se sentira plus à l'aise dans le ciel avec une vitesse maximale plus élevée (150 km/h contre les 130 km/h de Predator) et une maniabilité supérieure. Ces indicateurs peuvent aussi être considérés comme déterminants car en plus de la destruction potentielle de l'objectif, les fonctions du drone sont la reconnaissance et la détection, missions pour lesquelles une telle "agilité" est nécessaire. Par exemple, pendant la guerre de l'Otan contre la Yougoslavie en 1999, les systèmes antiaériens mobiles 9К31 Strela-1 de l'armée yougoslave, déjà bien dépassés, avaient abattu au moins deux MQ-1 Predator.
Pour les fonctions de surveillance et de reconnaissance, le Dozor-600 sera équipé de tout un ensemble de dispositifs: un gyroscope optique et thermique (caméra vidéo et caméra thermique), un capteur radar à vision vers l'avant et vision latérale, une caméra photographique à haute résolution avec des objectifs interchangeables, ainsi qu'un système de désignation d'objectifs et d'asservissement. En général, la liste des équipements qui pourraient être installés le sur Dozor-600 est assez large, car l'appareil pourra être également utilisé dans le secteur civil, notamment pour la localisation et la photographie des foyers d'incendie et l'établissement des cartes des endroits difficilement accessibles.
En 2013, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a ordonné aux constructeurs d'accélérer les travaux sur ce drone prometteur. La date provisoire annoncée de l'entrée en service du drone Dozor-600 est 2017-2018.