Que pensez-vous des accords sur le règlement de la crise ukrainienne convenus à Minsk?
Les accords de Minsk sont un pas dans la bonne direction. J'espère qu'ils conduiront à un règlement durable du conflit en Ukraine et au recouvrement de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du pays. Dans ce sens, je voudrais noter en particulier les efforts de la chancelière allemande Angela Merkel et du président français François Hollande.
Est-ce que des membres de l'Otan accordent aujourd'hui une aide militaire à l'Ukraine? Moscou en parle souvent.
L'Ukraine est un pays souverain indépendant, et elle a un gouvernement légitimement élu qui a demandé de l'aide. A l'Otan, nous apportons une assistance pratique pour procéder à la réforme militaire.
Vous avez déclaré récemment que la décision de fournir des armes en Ukraine devait revenir aux pays membres de l'Alliance à titre individuel. Est-ce que cela signifie qu'il existe de sérieuses divergences à ce sujet au sein de l'Otan?
Certains pays de l'Alliance ont suggéré d'annuler l'Acte fondateur Otan-Russie. Cependant, il reste en vigueur bien que la coopération entre l'Otan et la Russie soit suspendue. Pour l'Otan, la Russie est-elle un partenaire ou un ennemi?
Le monde est trop complexe pour être divisé en "amis et ennemis". L'Otan ne cherche pas la confrontation avec la Russie.
Mon expérience au poste de premier ministre de la Norvège montre que pendant des décennies, après la Guerre froide, nous avons développé des relations très constructives avec la Russie. L'ouverture des frontières, le développement du commerce, les contacts politiques, la coopération pratique. Tout cela a contribué à la prospérité, au développement économique des pays de l'Otan et de la Russie. Nous continuons d'aspirer à de telles relations. Comment peut-on travailler avec ses voisins? Il faut avant tout respecter les frontières.
En effet, nous installons six centres de commandement et de contrôle dans six pays de l'Otan à l'est de l'Europe. Ils ont des capacités relativement restreintes et il ne s'agit pas d'unités de combat. Ces centres assureront la liaison entre les forces armées de ces pays et les forces multinationales de l'Otan. Ils organiseront des exercices.
Hormis l'Ukraine, l'est de la Méditerranée est une autre région qui préoccupe manifestement l'Otan avec la guerre civile en Syrie et l'émergence de l'État islamique. Et maintenant, le président chypriote annonce qu'il autorisera la Russie à utiliser des bases navales de l'île. Si cela arrivait, serait-ce un problème pour l'Alliance?
Chypre n'est pas membre de l'Otan. Par conséquent, l'organisation ne peut prendre aucune décision à cet égard. Ce n'est ni notre mandat ni notre responsabilité.
La Géorgie et l'Ukraine souhaitaient adhérer à l'Otan en 2008 lors du sommet de l'organisation à Bucarest. A l'époque, il leur a été suggéré d'attendre. L'Alliance ne pense-t-elle pas aujourd'hui qu'il s'agissait d'une erreur?