Le président américain a ordonné de torturer les terroristes présumés à Guantanamo avant d'en rejeter la responsabilité sur la CIA, a déclaré à Sputnik un ex-agent de la CIA, John Kiriakou, dans sa première interview exclusive depuis sa sortie de prison.
M.Kiriakou, qui a reçu plusieurs récompenses pour son travail au sein de la CIA, a longtemps soutenu le programme gouvernemental de mesures antiterroristes extraordinaires. "On nous a dit que la torture par l'eau était efficace, que ce n'était pas une torture et que nous recueillions des informations précieuses (…). Mais quelques années plus tard j'ai appris que ce n'était pas vrai. On nous a menti à l'agence. La torture par l'eau est terrible. Ce n'était pas bien pour le pays. Ce n'était pas une bonne politique. C'était une erreur dès le départ", a noté l'agent.
Dès que des informations concernant les tortures ont filtré, l'administration présidentielle a rejeté la responsabilité sur la CIA et ses agents. M.Kiriakou a été le seul agent de la CIA à être condamné dans le cadre de l'affaire des tortures. Il a été accusé d'avoir violé l'Acte sur l'espionnage pour avoir déclaré que les Etats-Unis torturaient les terroristes présumés. Ayant purgé deux ans de prison en Pennsylvanie, ce père de cinq enfants a été assigné à résidence à Arlington, en Virginie.
Selon lui, le gouvernement américain utilise l'Acte sur l'espionnage "comme un marteau". Cet acte "n'a pas été conçu pour poursuivre en justice les gens qui parlent avec les journalistes, mais pour juger les gens qui commettent des faits de haute trahison contre les Etats-Unis en vendant des informations secrètes", a précisé M.Kiriakou.
L'ancien agent de la CIA a en outre fourni des détails sur sa vie en prison où les détenus se voyaient donner des aliments pour animaux et où les lettres ont été systématiquement ouvertes. "J'ai bêtement cru avoir un petit espace d'intimité. Ils ouvraient les lettres que j'envoyais et parfois même les photocopiaient avant de les refermer avec une bande adhésive (…). Je n'en ai jamais été informé par l'administration. Je l'ai appris de mes correspondances", a déclaré M.Kiriakou.
"Il fallait se faire à l'idée qu'on te traite comme un chien, que tu es un sous-homme, que tu ne mérites pas d'être traité comme un humain (…). Si tu résistes, on peut t'accuser d'insolence et t'envoyer dans une cellule d'isolement. Et cette cellule c'est l'enfer", conclu M.Kiriakou qui juge nécessaire de réformer le système pénitentiaire américain.
Vous pouvez retrouver le texte intégral de l'interview exclusive de John Kiriakou sur le site de Sputnik en anglais.