Le rapport sur les tortures infligées par la CIA aux terroristes présumés, rendu public aux États-Unis, a provoqué un écho sans précédent aussi bien en Amérique qu'à l'étranger, écrit jeudi le quotidien Kommersant.
L'administration de Barack Obama considère l'ouverture d'un débat public sur un sujet aussi délicat comme la confirmation de la "force morale" des USA. Les républicains voient dans ce rapport une tentative de discréditer l'ex-président George W. Bush.
Après la publication de ce document sur les méthodes douteuses de la CIA par la commission du renseignement du sénat, les démocrates ont sans surprise fait front contre de telles pratiques. Les républicains, eux, se sont divisés en deux camps. Par exemple, le sénateur John McCain pense que des méthodes plus humaines auraient pu être employées pour lutter contre les terroristes. Tandis que d'autres représentants du parti républicain ont pris la défense de la CIA et perçoivent des motivations politiques dans ce rapport: pour eux, il vise seulement à discréditer le dernier président républicain George W. Bush.
Le rapport compte presque 6 000 pages, mais seulement 500 d'entre elles ont été rendues publiques. Sa préparation a pris cinq ans, pendant lesquels les auteurs ont passé en revue plus de 6 millions de documents, dont la correspondance des agents de la CIA.
Selon le document, les méthodes employées par la CIA comprenaient la privation de sommeil, l'alimentation par voie rectale et les violences corporelles. "Dans de nombreux cas, ces méthodes agressives étaient employées de manière combinée et pratiquement sans interruption", stipule le rapport. Certains détenus ont été privés de sommeil pendant 180 heures, en général dans des "positions douloureuses", souvent les bras attachés au-dessus de la tête. Le document dévoile notamment la mort d'un détenu par hypothermie après avoir été enchaîné au sol "à moitié nu".
Les détenus étaient également torturés par noyade, comme Khalid Cheikh Mohammed qui, selon les autorités américaines, était l'un des organisateurs des attentats du 11 septembre.
Les auteurs du document affirment que la CIA n'a pas dévoilé toute la vérité sur les conditions de détention des prisonniers et a menti aux Américains concernant les méthodes employées, sachant qu'au moins 26 personnes ont été arrêtées de manière infondée.
Malgré le scandale provoqué par ce rapport, le département de la Justice des USA n'a pas l'intention d'ouvrir de nouvelles enquêtes sur la torture des détenus, selon un haut fonctionnaire du gouvernement qui a souhaité garder l'anonymat.