La situation reste ambiguë. Bien que sur fond de crise financière en Europe la croissance d'un des pays les plus riches du monde semble plus rapide, on peut supposer que cet essor ne sera pas durable. Même si la croissance américaine paraît solide, l'année 2015 s'annonce contrastée, dit Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l'épargne et de la société d'études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata:
«L'économie américaine en 2014 a bénéficié de la baisse du cours de pétrole. La chute de 40% a donné du pouvoir d'achat aux Américains et n'a pas encore pour le moment handicapé l'investissement et l'industrie pétrolière, ça sera peut-être en 2015-2016. En 2014 il y a eu un contexte favorable. Est-ce que cette croissance est pérenne? Il y a des doutes, parce que les salaires n'ont pas augmenté, même plutôt baissé depuis la crise et c'est évidemment un vrai handicap pour les prochaines années. De plus il y a un autre problème pour l'économie américaine — c'est l'appréciation du dollar, l'augmentation du dollar par rapport à l'euro qui renchérit le coût des exportations et on a vu en fin d'année la balance commerciale s'est assez fortement dégradée et ça, c'est le premier signe lié à l'appréciation du billet vert. Outre cela, les résultats des entreprises américaines hormis Apple sont plutôt décevants justement à cause de la diminution de leurs exportations, en particulier vers l'Europe, mais également vers la Chine, il faut savoir que le ralentissement de la Chine impacte également les États-Unis. On est dans une situation plutôt globalement favorable, la croissance devrait se situer autour de 3% en 2015, mais il y a des facteurs qui pourraient quelque peu handicaper celle-ci».
«L'économie américaine reste la deuxième au monde après celle de la Chine, elle reste, de plus, leader sur tout ce qui est haute technologie. Il est certain que le marché américain a une importance relativement forte sur l'économie mondiale. Si les États-Unis font 3% croissance, cela aura un effet surtout à partir au second semestre de 2015 sur les autres zones économique et sur l'Europe en particulier. On souligne qu'il y a une amélioration en Europe. L'Europe, qui est en stagnation depuis plusieurs années, pourrait peut-être espérer un petit rebond d'activité d'ici le second semestre d'autant plus que le pétrole n'est pas cher et que l'euro s'est déprécié, donc on pourrait penser qu'il y aura un effet bénéfique sur la zone euro après le mois de juin. Mais cela ne va pas gommer d'un coup de baguette magique tous les problèmes structurels que connaît l'Europe depuis plusieurs années, à la fois le vieillissement de la population, la fragmentation de son marché, et le fait qu'il n'y ait pas de véritable coordination européenne économique comme on le voit avec le dossier grec et la capacité de gérer en commun la politique économique».
Est-ce que les États-Unis s'approchent d'une réalisation du «rêve américain»? Les chiffres prouvent que par rapport aux années 1990 les USA ne cessent de s'en éloigner. Sur l'ensemble de 2014 l'économie américaine a progressé de 2,4 %. Le chiffre est légèrement supérieur à la croissance des trois dernières années, qui s'est établie en moyenne à 2,2 %, mais reste inférieure aux 3,4 % de moyenne que connaissait le pays dans les années 1990.