Puis, les élections parlementaires en Grèce et la victoire de l'association des partis radicales de gauche SYRIZA ont aggravé la situation: la monnaie a atteint son plus bas niveau face au dollar depuis plus de onze ans. Pour plusieurs observateurs, la victoire de SYRIZA, qui dénonce la politique d'austérité imposée par la « troïka » (l'UE, le FMI et la BCE), plonge l'Europe dans une grande incertitude économique. Néanmoins, il ne s'agit pas de désagrégation de la zone euro, dit Jésus Castillo, économiste chez Natixis:
« La sortie de certains membres de la zone euro est quelque chose qui ne nous pareille pas crédible à court terme. La situation qu'on avait connu en 2010 et à 2012 par rapport à la Grèce qui accumulait des difficultés énormes a évolué, c'est-à-dire que la Grèce n'est plus en difficultés, mais le contexte a fortement changé. D'un côté dans la macroéconomie grecque, qui est en train de se redresser progressivement même si est encore très fragile, dans le contexte européen ou, malgré tout, les économies vont mieux qu'en 2010. Et puis parce que la zone euro, les institutions européennes se sont doté d'outil d'intervention comme le mécanisme européen de stabilité et tout un certain nombre de mécanismes de soutien vers les pays en difficulté qui font que ce risque d'éclatement de la zone euro nous pareille pour le moment peu probable ».
« La parité n'est pas notre scenario, parce qu'il y a les facteurs, qu'on vient de voir, d'assouplissement monétaire, d'injection de liquidité en euro importantes sur les marchés. Mais d'un autre côté il faut aussi regarder le solde de la balance courante et de l'ensemble des transactions en euro. La zone euro globalement est excédentaire, vous allez toujours avoir des flux vers la zone euro et une demande en euro. Effectivement on peut s'attendre à ce que la parité euro-dollar reste faible encore un certain temps, mais la parité « 1euro pour 1 dollar » n'est pas une hypothèse avec laquelle on travaille aujourd'hui ».
Pour beaucoup d'observateurs, cette baisse de l'euro n'est pas une mauvaise nouvelle, bien au contraire. C'est la France et l'Italie qui bénéficient le plus de cette dépréciation, car leurs produits sont plus sensibles à l'effet de change que ceux de l'Allemagne. L'Allemagne profitera néanmoins de la dépréciation de l'euro, mais dans une moindre mesure. Les gagnants de la baisse de l'euro seront les entreprises qui vendent une bonne partie de leur production à l'étranger. Par exemple, en 2013, les secteurs français qui exportaient le plus sont l'aéronautique, l'agroalimentaire, les produits de luxe et la pharmacie.
« C'est une situation contradictoire, poursuit Jésus Castillo. D'un côté vous avez la dépréciation d'euro qui va permettre d'augmenter la compétitivité de l'ensemble des pays de la zone euro. C'est également favorable aux pays d'Europe du sud plus particulièrement parce qu'ils ont une industrie de moyen de gamme. Tout ce qui peut leur permettre de gagner la compétitivité va être favorable à leurs exportations. D'un autre côté vous allez avoir des importations qui vont vous couter plus cher. Ils vont peser sur votre balance commerciale ».
Bien que cette situation soit encourageante, l'optimisme des européennes doit être tempéré, car rien ne dit que cette situation résout tous les problèmes de l'Europe. D'abord, parce que l'une des spécificités de la zone euro est que ses membres font le commerce avant tout entre eux. Et comme tous ces pays ont la même monnaie, la baisse de l'euro ne va rien changer.