C’est ce qu’a déclaré le directeur du Centre de l’énergie et de la sécurité Anton Khlopkov en commentant la mise en service du premier bloc d’exploitation de la centrale nucléaire de la centrale nucléaire de Kudankulam. Ce bloc a été construit par les experts russes de l’énergie nucléaire et utilise uniquement des technologies, élaborées en Russie.
Tous les tests du site ont été réalisés avec succès. Le bloc de la centrale fournit déjà des milliards de kilowatt/heures d’électricité. Le bloc sera exploité conjointement par la partie russe pendant la période d’un an, avant d’intégrer entièrement le système énergétique de l’Inde.
La mise en service du bloc de la centrale de Kudankulam aurait pu être réalisée beaucoup plutôt, mais cela n’a pas pu se faire à cause des protestations de la population locale. Les habitants de la région exigeaient d’annuler le projet. Et l’accident sur la centrale nucléaire de Fukushima-1 en 2011 n’a fait que rajouter de l’huile sur le feu. A New Dehli, les autorités ont reconnu que les protestations étaient provoquées par les pays occidentaux. Il y a notamment des preuves, documents à l’appui, sur le financement des manifestants, qui viendrait de Londres. Cependant la Russie a pris l’engagement de garantir la sécurité lors de l’exploitation du site, et ces engagements prévoyaient des mesures beaucoup plus sévères que celles qui sont prévues par le règlement de l’AIEA après l’accident de Fukushima.
Ces soi-disant « sponsors » des manifestations contre le projet du bloc de la centrale nucléaire essayaient en réalité de discréditer les avantages concurrentiels de la Russie sur le marché nucléaire de l’Inde. Mais le bon sens a prévalu.
« L'opinion publique a retardé les travaux sur la centrale nucléaire de Kudankulam d’un an », explique Anton Khlopkov, directeur du Centre d’énergie et de la sécurité.« Mais à mon avis, heureusement, le pic de la crise de confiance envers les technologies nucléaires a pu être surmonté. Il est important que lors de la mise en œuvre des projets nouveaux, et notamment sur les nouveaux sites, où seront déployés les blocs énergétiques, un travail coordonné avec la population soit mené. Il peut s’agir d’un travail de prévention, avec la création des centres d’information nécessaires, qui auraient pu nous parler des systèmes de sécurité, utilisés par la Russie pendant la construction et l’exploitation de la centrale nucléaire ».
La « feuille de route » de la coopération nucléaire entre la Russie et l’Inde à long terme prévoit la construction d’une quinzaine de blocs énergétiques en Inde, notamment à Kudankulam. Ces perspectives ont été établies lors des pourparlers qui se sont déroulés dans le cadre de la visite du président russe Vladimir Poutine en Inde en décembre de l’année précédente. Le nucléaire était l’un des thèmes principaux de ce sommet.
Le marché indien de l’énergie nucléaire est l’un des plus importants dans le monde. Toutes les puissances nucléaires du monde désirent s’y fixer. Lors de la visite du président américain Barack Obama en Inde, prévue pour le 25 et 26 janvier prochain, la signature d’un accord nucléaire est également prévue. Ce nouvel accord devrait supprimer les obstacles à la collaboration et renforcer les capacités des Etats-Unis sur le marché nucléaire de l’Inde. Mais la Russie n’a toutefois pas de quoi s’inquiéter.
« Compte tenu des documents qui ont été signés à la fin de l’année dernière dans le cadre du sommet russo-indien, la Russie restera dans un avenir proche le principal exportateur des technologies nucléaires sur le marché indien »,est persuadé Anton Khlopkov. « Ces documents garantiront des normes de sécurité élevées, l'expérience en Inde et un bon rapport « qualité-prix ». Mais il faut défendre cette place de leader. La Russie est le meilleur candidat pour ce rôle, surtout que la construction du premier bloc est terminée, et ce dernier a été connecté au réseau électrique. Quant au deuxième bloc de la centrale, il sera mis en service dans les prochains jours. Ce bloc est construit également avec la participation active de la Russie ».
La Chine est également en train de se ruer sur le marché nucléaire indien. A la différence des Etats-Unis et de la France, Pékin propose un autre avantage - la possibilité d’un accompagnement financier du projet, ce qui est très important pour l'Inde. Mais il faudrait au moins 5 ans pour que les réacteurs chinois puissent être comparables au niveau de la technologie à ce que fabrique la Russie.