Le Comité central du Parti communiste chinois (PCC) exige de renforcer la discipline et avertit que le fractionnement du parti est inadmissible, écrit mardi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Depuis l'époque de Mao Zedong, l'existence de groupuscules au PCC n'avait encore jamais été soulevée ouvertement. Mais qui en fait partie? Jusqu'ici, la presse chinoise ne mentionnait que l'ex-ministre de la Sécurité publique Zhou Yongkang et ses proches collaborateurs.
Les analystes occidentaux parlent aujourd'hui de collègues de l'assistant de l'ancien-président du pays Hu Jintao. Mais, comme le soulignent certains experts, il ne faut pas comparer les divergences au sommet du gouvernement chinois à la lutte de fractions au PCUS. Les clans, en Chine, sont formés par les patrons en place qui contrôlent l'accès aux fonds de l’État.
La commission centrale pour la discipline du PCC a mené l'an dernier une enquête sur plus de 71 000 hauts fonctionnaires ayant enfreint les directives du parti. Plus de 23 000 d'entre eux ont fait l'objet de sanctions.
En parallèle de ces condamnations en série, les autorités et la presse du parti ont durci la critique envers la politique de fractions. En particulier, l'agence Xinhua a noté l'existence de clans regroupant les secrétaires de hauts responsables de l'industrie pétrolière et du charbon.
C'est la première fois que la presse parle ouvertement de ces fractions au PCC, probablement suite à l'intensification de la lutte au sein de l’État et du parti à cause de la campagne anticorruption. Les chiffres mentionnés montrent qu'un très grand nombre d'individus ont fait l'objet de vérifications, qui jusque-là ils se sentaient confiants à leur poste mais se sont transformés en "tigres de papier", pour reprendre Mao Zedong. Des groupuscules se forment notamment parmi les hauts fonctionnaires qui cherchent à se protéger ensemble des poursuites de la commission pour la discipline. L'aspect politique des événements est flagrant. Après tout, les hauts fonctionnaires ont depuis longtemps associé leur carrière à l'avancement au parti.
Le vice-secrétaire général du centre anticorruption à l'Académie chinoise des sciences sociales, Gao Bo, a qualifié le fractionnisme de "variante de la corruption politique". Malgré tout, les hauts fonctionnaires se font prendre de jour en jour dans les mailles du filet des enquêteurs. Le quotidien South China Morning Post rapporte notamment l'arrestation récente de Ma Jian, responsable du contrespionnage au ministère de la Sécurité d’État.