D'après l'agence Bloomberg, la Russie est aujourd'hui l'un des cinq pays du monde les plus susceptibles de subir un défaut de paiement: selon les analystes, les détenteurs étrangers de titres publics russes craignent que le gouvernement ne puisse rembourser ses dettes, écrit lundi le quotidien Novye Izvestia.
Sur cette liste, la Russie a même dépassé de nombreux pays possédant une note spéculative tels que le Portugal, le Liban et l’Égypte. Le financier américain George Soros a déjà indiqué au Financial Times que grâce à la chute des prix du pétrole, les sanctions européennes contre la Russie auraient des conséquences beaucoup plus importantes que ne le pensaient les leaders occidentaux. D'après lui, la Russie pourrait bientôt subir un défaut de paiement.
La veille, l'agence Fitch avait baissé d'un point - de BBB à BBB- - les notes de la Russie en devise nationale et en devises étrangères avec un pronostic négatif. Toute note située sous BBB- est considérée comme un "déchet" en jargon boursier. Le communiqué de l'agence explique cette décision par la chute du rouble - il a perdu plus de la moitié de sa valeur l'année dernière - et du prix du pétrole - la marque Brent coûte actuellement 50 dollars le baril. A noter également: l'augmentation du taux directeur de la Banque centrale de Russie à 17% et l'influence négative des sanctions occidentales, qui coupent les banques et les entreprises publiques russes des marchés extérieurs de capitaux.
Fitch estime que cette année, l'économie russe régressera de 4% contre 1,5% selon les pronostics précédents de l'agence. Pour cette dernière, le rétablissement de la croissance ne sera possible qu'en 2017 au plus tôt. Enfin, les analystes soulignent une réduction constante des réserves internationales de la Russie: fin 2014 elles représentaient près de 390 milliards de dollars, soit une perte de 120 milliards en glissement annuel. Cette tendance envoie un signal négatif supplémentaire aux investisseurs et ne fait que renforcer leurs doutes quant à la solvabilité de la Russie.
"L'augmentation des prix des assurances contre le défaut de paiement indique que les détenteurs étrangers de titres publics russes craignent que la Russie ne puisse pas rembourser ses dettes. Cela ne signifie pas que le défaut est inévitable, car les ressources publiques restent pour le moment suffisantes. Mais il faut également tenir compte d'une dette corporative très importante. Dans le contexte actuel de récession, de chute des prix du pétrole et des sanctions isolant les sociétés russes des marchés occidentaux de capitaux - notamment les entreprises publiques - l’État sera obligé de s'acquitter de leurs dettes. Ce qui crée une charge supplémentaire pour l'économie et le budget", estime Dmitri Mirochnitchenko, expert en chef du Centre de développement du Haut collège d'économie.
D'après le ministre des Finances Anton Silouanov, le soutien du secteur bancaire obligera la Russie à prendre des crédits à hauteur de 0,7% du PIB. L'année prochaine, les autorités envisagent d'octroyer une aide financière à plusieurs banques russes, notamment à VTB et Gazprombank, qui obtiendront 1,6 milliards d'euros et 1,1 milliards d'euros respectivement.
Les entreprises pétrolières russes ont également des dettes énormes envers leurs créanciers occidentaux. Le remboursement de leurs crédits à l'étranger nécessite de l'argent des fonds de réserve. "Tout cela crée une situation très désagréable qui ne fait que renforcer les rumeurs sur un défaut éventuel en Russie", conclut Dmitri Mirochnitchenko.