Les présidents russe et abkhaz Vladimir Poutine et Raoul Khadjimba ont signé le 26 novembre à Sotchi un accord d'alliance et d'intégration pour dix ans avec possibilité de prolongement tous les cinq ans, écrit mercredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Pour Soukhoum, la fête était double: la signature coïncidait avec le 20ème anniversaire de la Constitution abkhaze.
La rédaction de l'accord n'a pas été facile. D'abord, Soukhoum a rejeté un projet présenté par Moscou car il le considérait comme une limitation de sa souveraineté. Puis la Russie n'a pas accepté le projet abkhaz parce que ce dernier se résumait à une aide importante pour l'Abkhazie sans aucun engagement sérieux en retour. En fin de compte, les présidents ont signé un accord de compromis qui, selon les experts, a plutôt tenu compte des vœux de la partie abkhaze. Le texte final a notamment exclu un article sur l'octroi facilité de la citoyenneté abkhaze aux Russes: les autorités de la république craignaient un afflux d'immigrés en provenance des régions russes en difficulté. On remarque également un assouplissement important des articles concernant la création de structures supranationales dans les domaines militaire et judiciaire. En acceptant les propositions de Soukhoum, Moscou a pour sa part répondu à ceux qui l'accusaient de ne pas savoir construire de relations d'alliance avec des pays moins puissants.
D'après les experts, le point le plus marquant de cet accord entre la Russie et l'Abkhazie est qu'il répond aux défis de l'époque. Il reflète les intérêts de la Russie dans la région et donne des gages de sécurité de développement souverain au jeune État abkhaz. Ce texte permettra de mettre en œuvre des projets de grande envergure pouvant modifier le climat géopolitique dans le Caucase du Sud. Ces projets serviront de base à un réseau touristique moderne en Abkhazie et à des stations balnéaires attractives. Les mesures de sécurité prévoient la modernisation de la frontière avec la Géorgie, et celle avec la Russie pourrait devenir seulement administrative.
L'accord stipule l'engagement de Moscou de contribuer à l'intégration de l'Abkhazie aux alliances prorusses. Mais personne ne sait pour le moment comment cette promesse pourrait être tenue dans le cadre de l'Organisation du traité de sécurité collective ou de l'Union économique eurasiatique.
Aucun membre de ces organisations — sauf la Russie — n'a reconnu l'indépendance de l'Abkhazie et n'a envie de le faire. Qui plus est, ces pays soulignent régulièrement leur attachement à l'intégrité territoriale de la Géorgie. Le statut de membre étant donc exclu, certains experts supposent toutefois que la Russie pourrait organiser des échanges économiques et commerciaux entre l'Abkhazie et les pays de l'Union économique eurasiatique.
Quant à Moscou, cet accord lui offre la possibilité de renforcer son rôle géopolitique dans le Caucase du Sud, qu'il considère comme sa zone d'influence et de responsabilité.