Le premier ministre hongrois Viktor Orban accuse les Etats-Unis de vouloir entraîner l'Europe dans une "guerre froide" avec la Russie, mais, selon le politologue russe Vladimir Brouter, les Européens n'y peuvent rien, bien qu'ils considèrent comme destructives les démarches américaines.
"J'ai l'impression que les gens en Europe centrale sont extrêmement contrariés par la position américaine qui crée des problèmes, tant économiques que politiques, pour leurs pays. Il suffit de regarder ce qui se passe à présent en République tchèque qui présente sur ce point une sorte de ligne de partage entre le président et le gouvernement. Cela prouve que le comportement des Etats-Unis y est considéré comme destructif, mais sans alternative. M.Orban ne fait que s'indigner en demandant: que faites-vous, pourquoi gâchez-vous notre vie?", a déclaré mercredi à la radio Sputnik M.Brouter.
Et d'ajouter que l'Europe se trouvait en fait dans une situation sans issue, une confrontation directe avec les Etats-Unis ne promettant rien de bon aux Européens.
"Il est difficile de dire que faire dans ce cas de figure. Une confrontation entre Bruxelles et Washington n'est pas une bonne variante, alors que l'apparition de clivages au sein de l'Europe serait pour elle une sorte de mort clinique. L'Europe n'est déjà ni très sûre, ni très stable. Et si des conflits s'y annoncent, cela pourra se solder par la disparition de l'Union européenne, en tant qu'organisation quelque peu efficace. Les Européens n'y gagneront rien", a indiqué l'expert.
Selon lui, la situation est aggravée par le fait que l'Europe n'est toujours pas capable d'élaborer sa propre ligne de conduite.
"Le principal problème de l'Europe réside dans son incapacité d'élaborer sa propre ligne constructive, ce qui a permis finalement à Washington d'imposer à l'Europe tout ce "remue-ménage" avec les sanctions (…). Il reste à savoir à présent comment sortir de cette situation. Il est toutefois évident qu'il fallait ne pas s'y fourrer", a conclu le politologue.
Dans une récente interview à la chaîne de télévision hongroise М1, Viktor Orban a déclaré que la "guerre froide" s'engageait entre les Etats-Unis et la Russie, mais que l'Europe ne devait y participer. Selon lui, "les Etats-Unis s'ingéraient, voire participaient énergiquement à la vie politique de l'Europe centrale. Or, le sénateur républicain américain John McCain a qualifié le premier ministre hongrois de "dictateur néo-fasciste" qui fait le jeu de Moscou. Budapest a évalué cette sortie comme une "attaque contre l'indépendance nationale de la Hongrie".