2014 : l’orientation prorusse de la République tchèque

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Des informations selon lesquelles de nombreux Tchèques sont en désaccord avec Bruxelles au sujet des sanctions antirusses arrivaient durant toute l’année 2014.

La prise de position du président Milos Zeman est particulièrement remarquable. Zeman a vivement critiqué le Maïdan ukrainien qui a été selon lui engendré par les Etats-Unis et l ’Union européenne. Il a jugé inévitable la reprise de la Crimée par la Russie. Il a par ailleurs préconisé de transformer l’Ukraine en une fédération à la lumière de la guerre à Donetsk et à Lougansk, ainsi que de prendre conscience des actions de Moscou. Des déclarations analogues ont également été faites par l’un des hommes politiques tchèques les plus influents, l’ex-président Vaclav Klaus. Le Premier ministre Bohuslav Sobotka est lui aussi monté au créneau en qualifiant d’ « insensées » les sanctions occidentales contre la Russie. Les milieux d’affaires tchèques ont quant à eux vigoureusement protesté contre les restrictions aux échanges commerciaux avec la Russie. Des manifestations contre les sanctions ont eu lieu et la blogosphère bouillonnait en faveur de Moscou… Comment expliquer donc ce phénomène tchèque, comment expliquer cette orientation pro-russe sur fond de la politique officielle de l’UE ? Nous posons cette question à Jiri Vyvadil, président de la Société des amis de la Russie, ancien sénateur et vice-ministre de la Justice de la République tchèque.

Au début de l’année, quand le Maïdan ukrainien ne faisait que commencer, notre communauté Internet des amis de la Russie dénombrait 100 personnes, et aujourd’hui elle en compte 7.600. A part nous, il y a en Tchéquie beaucoup d’organisations qui sympathisent avec la Russie, comme par exemple l’Association des citoyens contre le fascisme. Certes, ces gens ne constituent pas la majorité, leur pourcentage est même inférieur à 60 %. Ils deviennent pourtant plus nombreux, ce qui distingue radicalement la situation en Tchéquie de la situation en Pologne. 

Quelle a été l’influence sur la formation de ces sympathies du président Milos Zeman qui s’est fait en 2014 une réputation de « russophile » ?

Oui, tout le monde l’appelle maintenant comme ça chez nous. Il est quand même à noter qu’il y a dix et quinze ans, il insistait déjà sur les relations d’affaires avec votre pays et s’opposait aux lignes de clivage entre l’Ouest et l’Est. Il a une large vision de la situation politique. Monsieur Zeman reste donc fidèle à lui-même. Cette année, des manifestations de soutien à la Russie se sont déroulées à Prague et dans d’autres villes. Prenant la parole pendant ces manifestations, des personnalités politiques et des économistes disaient que ces mesures n’avaient aucunement influé sur le Kremlin et qu’elles ne faisaient que renforcer le soutien à la politique de Vladimir Poutine parmi les Russes. Mais la guerre commerciale a manifestement causé un grave préjudice à l’économie européenne. A propos, pareilles tendances sont elles aussi très visibles en Allemagne. Je dirais qu’à l’égard de la Russie, les « pour » et les « contre » sont à égalité parmi les Allemands. Les gens veulent la levée des sanctions et non pas l’escalade des tensions qui risquent de conduire à un véritable conflit militaire en Europe. Voilà qui est le plus effrayant.

Je le répète, une situation unique s’est créée en Tchéquie où énormément de gens veulent voir en la Russie un ami et un partenaire. La République tchèque pourrait jouer réellement un rôle d’intermédiaire dans l’établissement de relations entre l’Occident et la Russie, et ceux qui formulent la politique réelle doivent en tenir compte.

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