Les cascades des fontaines de Peterhof offrent un spectacle inoubliable avec plus de 30 000 litres d’eaux projetés vers le ciel toutes les secondes. 150 grandes et petites fontaines, 62 km de canaux, 50 conduites spéciales, 40 étangs et 35 barrages et écluses forment un ensemble d’ouvrages hydrotechniques qui constituent un véritable chef-d’œuvre de l’art d’aménagement des palais et des parcs au XVIIIe siècle. C’est une merveille appelée Peterhof.
Son histoire commence il y a 300 ans: en 1714, l’empereur russe Pierre Premier se fait construire une résidence au bord du golfe de Finlande. Il dresse personnellement les plans et les croquis du palais, des jardins et des fontaines afin que son Peterhof (« cour de Pierre » traduit de l’allemand) ne le cède en rien aux plus beaux palais et parcs européens. Le désir de l’empereur devient réalité.
Une vue magnifique sur Peterhof s’ouvre depuis le golfe. Le Grand Palais se dresse sur une haute colline. C’est un édifice richement orné réalisé dans le style baroque. Les intérieurs de ses salles spacieuses surprennent par une abondance de dorures, un mobilier de luxe et les murs et plafonds finement peints. Mais, avant de pénétrer dans le palais, les hôtes de Peterhof s’attardent longtemps devant sa merveille qui est la grande cascade de fontaines. C’est un monde aquatique féérique rempli de figures dorés d’hommes, animaux, poissons et créatures mythologiques. C’est autant une harmonie étonnante où l’or et l’eau se marient. Et c’est aussi un spectacle fascinant pour ceux qui ont la chance de le voir.
La composition sculpturale principale de la Grande cascade est « Samson déchirant la gueule du lion ». L’exploit de ce personnage biblique est l’image allégorique qui symbolise la victoire de la Russie sur la Suède (le lion figurant sur les armoiries de Suède). A la faveur de cette victoire, l’empire de Russie dirigé par le fondateur de Peterhof Pierre Ier s’affirme sur les bords de la Baltique.
Les héritiers du grand empereur continuent à embellir Peterhof en érigeant de nouveaux palais et fontaines originales. Les serviteurs des tsars, artisans et simples paysans construisaient leurs modestes logis à une distance respectable. L’agglomération s’agrandit progressivement et reçoit le statut de ville dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.
La révolution de 1917 fait tourner une nouvelle page de l’histoire de Peterhof. La monarchie tombe et le nouveau pouvoir proclame la résidence impériale bien national. Les palais se transforment en musées et des aires de jeux pour enfants et bibliothèques font leur apparition au milieu de jardins et de parcs.
Les troupes allemandes envahissent Peterhof pendant la Seconde guerre mondiale. Les occupants détruisent sans pitié les œuvres d’art, les fontaines uniques en leur genre et coupent des milliers d’arbres. Après la libération de la ville, Peterhof a dû être relevé de ses ruines. Il a fallu aux meilleurs restaurateurs russes des dizaines d’années d’un travail méticuleux pour redonner aux monuments d’architecture et de la nature leur éclat d’autrefois. La résidence ressuscitée des empereurs russes est portée en 1990 sur la Liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO.
De nombreux touristes viennent tous les ans début mai à Peterhof pour assister à la cérémonie haute en couleur d’ouverture de la saison des fontaines. L’orchestre joue « L’hymne de la grande ville » aux accents solennels et les jets d’eau s’élancent vers le ciel aux sons de la musique et aux applaudissements des visiteurs. C’est autant une « symphonie » peu commune dominée par les fontaines de Peterhof. /N