Par sa réticence à accepter un compromis politique, le gouvernement allemand freine la sortie de crise de la zone euro, estime le directeur du Centre pour la réforme européenne de Londres Simon Tilford.
L'autorité économique de l'Allemagne permet à son gouvernement de faire comme si le pays n'était pas l'une des causes de la crise de la zone euro. La réticence des politiciens allemands à accepter un compromis remet en cause les perspectives d'un espace économique commun, écrit Simon Tilford, directeur du Centre pour la réforme européenne de Londres, économiste et publiciste.
"L'Allemagne dépend encore fortement des exportations et de la demande étrangère, qui permet précisément de combler l'écart entre le niveau de production et de consommation. Toute mesure destinée à stimuler la demande intérieure de l'Allemagne exerce une forte influence sur la demande de toute la zone euro, ce que de nombreux politiciens allemands refusent d'admettre. Contrairement à l'idée reçue, l'économie allemande n'est pas une locomotive, mais un frein pour l'économie européenne", estime l'auteur de l'article.
Selon lui, il serait possible d'éviter cette situation si l'Allemagne faisait passer ses propres intérêts après ceux de la zone euro.
Les pays débiteurs n'ont pas fait suffisamment pression sur le gouvernement allemand, écrit Tilford, et il n'y a pratiquement pas eu d'appels à réformer l'économie allemande car les membres de la zone euro la voient comme un modèle plutôt qu'une partie importante du problème. Même ceux qui comprenaient que la structure de l'économie allemande représentait un danger pour la stabilité économique s'abstenaient de critiques car ils craignaient une réaction sociale négative, au sein des pays membres de la zone euro, quand à l'idée même d'un espace économique commun. Cette approche n'a pas contribué à attirer l'attention sur les problèmes structurels de l'Allemagne et n'a fait qu'encourager le gouvernement allemand à ne pas chercher de compromis, estime l'économiste.
L'expert souligne que les options approximatives du plan de sauvetage de la zone euro sont claires pour tout le monde, à l'exception de l'Allemagne. Les réformes structurelles en France et en Italie couplées aux mesures destinées à renforcer les positions fiscales à long terme, ainsi que le programme d'assouplissement quantitatif de la Banque centrale européenne (BCE), sont les options les plus convenables non seulement pour les économies européennes périphériques mais aussi pour l'Allemagne. Or le gouvernement allemand n'a pas l'intention aujourd'hui de soutenir ce projet.
"La stabilité de la monnaie commune et la situation économique des pays membres de la zone euro continuera à dépendre de la politique intérieure de l'Allemagne. Ce chemin mène à la stagnation, à la déflation et c'est aussi un prétexte pour les populistes en France et en Italie. Une telle évolution de la situation risque de devenir un point de non-retour dans les relations entre l'Allemagne et ces pays, ainsi qu'un point de départ de l'effondrement de la zone euro", écrit Simon Tilford.